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Revue égyptologique — 6.1891

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Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: Leçon d'ouverture: prononcée à l'École du Louvre, le lundi, 19 décembre 1887, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11061#0158

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Eugène Revillout.

projetée. Il fallait savoir si les dieux ne s'opposaient pas à ce voyage amical en pays
ennemi, si rien dans les destins ne s'annonçait d'hostile, si Isis pouvait venir sans encombre,
s'il valait mieux, eu un mot; prendre le vase à libation ou le /opes invincible. Il paraît que
le divin plérome était alors porté à des idées pacifiques ; car la réponse fut favorable. Écou-
tons plutôt Siaritu :1

«Le grand fils (royal), Siaritu, chef de panégyrie de cette grande Majesté Thot de
» Pnebs, le dieu grand, et des dieux de la ville de Dakké, a fait fête (herut), étant dans le
» sanctuaire nommé.

«Nous avons fait accomplir les services du boenlo de ce grand dieu, avec Senpet, le
» grand prêtre, mon frère, en lui (dans ce sanctuaire). Nous avons parlé au dieu, l'interro-
geant, ce grand dieu, sur 500 victimes,2 en sa fête du 21 Athyr, pour faire sortir3 Isis,
»la grande déesse, en lui disant : grande Majesté,4 tu nous donneras la force pour que
» nous fassions l'adoration convénablement. »

Cette première partie de notre texte est déjà fort intéressante. Elle nous montre, comme
l'inscription du roi Kanenfi, etc., qu'à cette époque les oracles des temples égyptiens-nubiens
étaient sans cesse consultés, comme l'oracle du temple de Delphes et les autres oracles grecs.
La question des oracles est bien loin d'être aussi nette en Egypte que dans le monde grec
et dans le monde juif ou sémitique. Les rois sont, bien entendu, inspirés par les dieux qui
leur parlent directement et leur communiquent leurs ordres. Il en est de même pour les
prêtres, organes naturels de la divinité, surtout du temps de la XXIe dynastie toute sacer-
dotale et sous la dynastie ammonienne d'Ethiopie qui lui fait suite. Souvent alors ce sont
les dieux qui terminent les procès criminels, comme ils fixent les hérédités, etc. Mais ils
n'ont pas encore ouvert de cabinets de consultation publics à la façon des sorciers de la
même période. Cette idée là est certainement une importation étrangère. Mais elle n'en est
pas moins intéressante à constater dans nos documents, comme dans la stèle bilingue de
Moschion, depuis longtemps publiée par moi, et qui a pour sujet une consultation en règle
donnée par Osiris à un boiteux, qu'il guérit.

Les termes dont se sert notre inscription nubienne pour rendre cette consultation divine
sont remarquables.

On parle (t'e)5 au dieu pour l'interroger (heb) (par un discours direct dont la formule
nous est conservée) et le dieu répond.

1 Pour le texte de l'inscription voir aux planches.

2 Le mot que nous traduisons victime et qu'on rencontre dans le bilingue Bhind, où il répond au
signe du bœuf debout, dans le roman de Setna, dans de nombreux contrats, etc. se lisait men d'après le
bilingue 117 du Sérapéum (voir Revue, VI, II, pl. 2), où il correspond aussi au bœuf debout, Conf. le bi-
lingue 334 de la salle historique dans lequel il correspond au bœuf couché. Dans les contrats les men
(bœufs) sont énumérés avec les ânes et les autres animaux domestiques. Dans le roman de Setna ce sont
des men qu'on offre en sacrifice à Coptos, comme dans notre inscription à Philée. On sait qu'en qualité de
sanctuaire d'Isis le sanctuaire de Coptos a joué à peu près le même rôle prépondérant que jouait plus tard
le sanctuaire de Philée.

3 Mot-à-mot : «sur l'action de faire sortir».

4 Le serpent déterminé par le signe divin se lit ici si, comme le prouvent de nombreuses variantes
relatives au même dieu Thot de Pnebs. Ce mot si «hautesse» (copte ujwi) est traduit par Majesté
dans le papyrus bilingue Ehind.

5 lp se prononçait t'e et T^1") sat'e comme le prouvent des variantes contractuelles que nous
 
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