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Revue égyptologique — 6.1891

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Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: Une importante découverte, [1]: papyrus contenant le célèbre discours inédit d'Hypéride contre Athénogène; lecture faite à l'Académie des Inscriptions et Belles lettres le 18 janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.11061#0200

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158

Eugène Revillout.

Mais ces constatations faites, il nous restait un travail bien ardu. Comme je l'ai dit
plus liant, le papyrus avait été apporté au Louvre en très mauvais état : et l'opération du
déroulage avait présenté des difficultés inouïes à notre réparateur, malgré toute son expérience.
Il fallut remettre plusieurs fois dans le bain le papyrus, qui s'émiettait quand on essayait
de le développer. On ne surmonta ces difficultés qu'à force de soin. Mais l'ordre de plusieurs
colonnes, qui s'étaient brisées, se trouvait naturellement interverti.1 Ces colonnes étaient
parfois divisées en fragments, dont quelques-uns très petits. Il fallait reconstituer l'ensemble
du papyrus.

Voilà deux mois que mon frère et moi nous y travaillons.

Souvent la remise en place d'un très petit fragment nous a pris une journée. Or il y
en avait beaucoup à placer. Aussi n'avons-nous pas achevé cette œuvre de patience, à laquelle
nous sommes habitués depuis longtemps, (puisque nous avons ainsi reconstitué un grand
nombre de papyrus du Louvre,) mais qui n'en est pas moins absorbante, très fatigante et
peu agréable. Je prierai donc ceux qui voudraient voir notre nouveau trésor d'attendre
quelque temps encore; car je ne pourrai pas le leur montrer avant d'avoir terminé.2 Ce-
pendant je n'ai pas voulu rester plus longtemps sans faire part à l'Académie des premiers
résultats obtenus par moi, et sans lui donner une idée suffisante du contenu de notre papyrus.

En l'étudiant, nous avons cessé d'être étonné de la phrase célèbre de Longin qui, dans
son traité du sublime, après avoir énuméré certaines qualités oratoires d'Hypéride complète-
ment absentes chez Démosthène, conclut ainsi :

« Si Démosthènes eût entrepris d'écrire une plaidoirie pour Phryné ou contre Athénogène,
»il eût mieux fait ressortir encore, par le contraste, les mérites d'Hypéride.»

Il est vrai qu'aussitôt après, Longin refuse à Hypéride le sublime, transportant les âmes :
et que les causes en question ne comportaient pas ce sublime. Mais nulle part peut-être,
dans ce qui nous est resté des grands orateurs, on ne rencontre ailleurs, à un égal degré
que dans ce plaidoyer contre Athénogène, enfin sous nos yeux, cette habileté, cette finesse,
cet acumen caractéristique d'Hypéride suivant Ciceron.

La cause, il faut bien le dire, était des plus difficiles à gagner en droit athénien.

Il s'agissait de faire annuler un contrat régulier, scellé et déposé conjointement par
les deux parties : alors qu'une fameuse loi de Solon, imitée de l'Egypte mais toujours en
vigueur, établissant la liberté pleine et entière des conventions, ordonnait que ces conventions
fissent loi pour les intéressés et devinssent, par rapport à eux, maîtresses, xuptai, suivant
l'expression grecque.

J'ai eu bien souvent à revenir, dans mon cours de droit égyptien comparé aux autres
droits de l'antiquité, sur cette loi de Solon, dont les applications étaient continuelles à Athènes,

1 Voici comment les plus gros fragments se trouvaient disposés après la mise sous verre. A la suite
de la colonne 9, venait le commencement de la colonne 11, puis la fin de la colonne 15, puis la colonne 10,
puis le commencement de la colonne 13 avec la fin de la précédente, puis la fin de la colonne 16
et le commencement de la suivante, etc., etc. Nous avons commencé cette restitution et l'intercalation de
très nombreux fragments détachés après avoir copié tous les morceaux de texte à la place qu'ils occupaient,

2 Maintenant que le texte a été mis en ordre et complété autant que possible, nous allons en publier
les héliogravures, qui formeront un des fascicules de notre Corpus papyrorum Aegypti publié chez l'éditeur
Leroux (rue Bonaparte 28, Paris). Puis nous ferons fixer les verres et communiquerons le papyrus.
 
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