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APERÇU HISTORIQUE DU MOBILIER VOTIF
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anneaux portants, chaînes, bâtons de bronze (candé-
labres et porte-torches), garnitures et appliques en
matières différentes.
Vases en bronze I-es va.ses en bronze, dont nous
et en terre cuite, avons trouvé les débris, ont pu servir
en partie aux usages religieux, mais la plupart ont
sans doute été offerts à titre d’ex-voto (il nous paraît
impossible de séparer ces deux catégories) : chaudrons,
assiettes, vases à boire, récipients divers, aiguières,
louches et passoires. Les vases en terre cuite sont
très communs dès l’époque géométrique. La plupart
doivent sans doute être regardés comme des dons
votifs, mais il est possible que par exemple les grandes
jarres (πίθοι) ont contenu du vin qu’on a bu pendant
les festins et les banquets cérémoniaux.
Quant aux autres vases en terre cuite de l’époque
archaïque, nous en avons trouvé une quantité de types
richement variés, petits et grands entremêlés: vases
à parfum, coupes à boire, cratères, aiguières, etc. On
a dédié dans le sanctuaire les mêmes genres de réci-
pients dont on se servait pour les emplois pratiques
de la vie journalière. Au point de vue auquel nous
les envisageons ici, ils ne donnent lieu à aucune men-
tion particulière. Ils proviennent d’ateliers différents:
les Lindiens n’ont pas eu la coutume, attestée par la·
tradition littéraire pour d’autres contrées grecques,
de se servir, pour les besoins du culte, exclusivement
de poteries de travail indigène U Probablement ces
récipients n’ont pas été placés vides dans le temple:
l’offrande a plutôt consisté en le liquide qu’ils conte-
naient. Les coupes à boire représentent, à notre avis,
la dédicace d’une boisson. Signalons encore que les
imitations en miniature, desquels nous nous occuperons
plus loin, ne sont pas représentées parmi les vases de
style géométrique; ces petits récipients commencent
à faire leur apparition dans les parties les plus récentes
des couches archaïques, mais n’y figurent encore
qu’en petit nombre.
Statuettes votives Une aujre catégorie d’ex-voto,
des couches ar- . . .
chaïques. qui finit par devenir le don votif de
préférence, commence au contraire à apparaître en
quantité considérable avant le milieu du 6e siècle.
Nous parlons des petites figurines en terre cuite et
en d’autres matières. Nous avons découvert un petit
nombre de statuettes en terre cuite du style sommaire
de l’époque sub-géométrique, dont l’âge est attesté
p. e. par les trouvailles de Vroulia (670—570 avant
J.-C.). Des figurines analogues, présentant seulement
des variations locales, ont été trouvées dans les
différentes contrées helléniques, mais généralement
en quantité relativement petite; ΓAcropole d’Athènes
où l’on a exhumé un grand nombre de ces figurines,
1 Hérod. 5,88.
forme une exception à cet égard1. La coutume
d’offrir aux dieux de petites statuettes votives remonte
à une très haute antiquité. Les trouvailles de Lindos
nous permettent de suivre les voies par lesquelles
cette coutume très ancienne a subi un renouvellement
et pour ainsi dire une renaissance.
Cette renaissance a pris son point Figurines
de départ dans la contrée grecque située chypriotes,
le plus à l’est, dans l’île de Chypre, où l’on a
commencé à remplacer les figurines sommaires,
faites à la main, des époques les plus reculées, par
d’autres mieux modelées et en partie moulées. De
celles-ci on fait la transition aux figurines dont le
devant entier est tiré d’un moule. A côté de ces terres
cuites, les Chypriotes ont aussi fabriqué, à l’époque
archaïque, une grande quantité de statuettes votives
en calcaire. Ce n’est pas le fait du hasard si ces
figurines chypriotes, soit en terre cuite, soit en pierre
calcaire, font leur apparition à Lindos en grande
quantité dès les débuts de l’archaïsme 2 3 4 5. Cette ville
était la première station pour les navires qui prenaient
la voie de l’archipel grec. Ces figurines apparaissent
au même temps, et également en grand nombre, sur
la côte ouest de l’Asie Mineure (p. e. à Dadja, terri-
toire de Knidos 3), et elles sont en général très répan-
dues dans les pays environnant le bassin oriental de
la Méditerranée 4. Elles ont trouvé aussi, mais en
nombre beaucoup plus petit, la voie du continent
grec.
Quant à l’île de Rhodes, le gros de ces figurines
appartient au 7e siècle avant J.-C., témoin les fouilles
de Vroulia.
Avec ces statuettes chypriotes, nous Statuettes en
. faïence
avons trouvé aussi un certain nombre égyptienne,
de figurines en faïence égyptienne 5, soit d’un aspect
purement égyptien, soit d’un style dégénéré, parti-
culier aux ateliers étrangers fondés en Égypte, où les
Chypriotes se sont établis, à mon avis, même avant
les Grecs. Ces statuettes égyptiennes ne représentent
pourtant qu’en partie des figurines votives propre-
1 Voir AA 1893, p. 140 sq.; Winter, Typen, I, p. 24, n° 2.
2 Figurines chypriotes en calcaire nos 1584—1857, en terre
cuite 1941·—2100.
3 J'ai eu l’occasion d’étudier, dans les musées de Berlin, de
Londres et de Constantinople, une partie de ces trouvailles. Cf.
AA 1894, p. 176 II, n° V; p. 177, n° VII, 24—25 ; RA 1894, II, p. 27
et 266; AM 1896, p. 229—236; Mus. Ottom., Catal. des figurines de
terre cuite (1908), p. 582; Kunstmuseets Aarsskrift VI (Copenhague
1920), p. 39. Winter, Typen, I, p. LXXIV ne mentionne, comme
trouvées à Knidos, que des figurines d’une date avancée.
4 Pour l’importance qu’on attribuait dans certains cas à ces
figurines chypriotes, voir le conte légendaire souvent cité sur
Hérostratos qui en emporta une de Paphos à Naukratis: FHG, IV,
p. 480 — Athénaios, p. 675 f. Cf. Kunstmuseets Aarsskrift VI
(Copenhague 1920), p. 26 avec la fig. 6.
5 Voir nos 1207—1299.
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anneaux portants, chaînes, bâtons de bronze (candé-
labres et porte-torches), garnitures et appliques en
matières différentes.
Vases en bronze I-es va.ses en bronze, dont nous
et en terre cuite, avons trouvé les débris, ont pu servir
en partie aux usages religieux, mais la plupart ont
sans doute été offerts à titre d’ex-voto (il nous paraît
impossible de séparer ces deux catégories) : chaudrons,
assiettes, vases à boire, récipients divers, aiguières,
louches et passoires. Les vases en terre cuite sont
très communs dès l’époque géométrique. La plupart
doivent sans doute être regardés comme des dons
votifs, mais il est possible que par exemple les grandes
jarres (πίθοι) ont contenu du vin qu’on a bu pendant
les festins et les banquets cérémoniaux.
Quant aux autres vases en terre cuite de l’époque
archaïque, nous en avons trouvé une quantité de types
richement variés, petits et grands entremêlés: vases
à parfum, coupes à boire, cratères, aiguières, etc. On
a dédié dans le sanctuaire les mêmes genres de réci-
pients dont on se servait pour les emplois pratiques
de la vie journalière. Au point de vue auquel nous
les envisageons ici, ils ne donnent lieu à aucune men-
tion particulière. Ils proviennent d’ateliers différents:
les Lindiens n’ont pas eu la coutume, attestée par la·
tradition littéraire pour d’autres contrées grecques,
de se servir, pour les besoins du culte, exclusivement
de poteries de travail indigène U Probablement ces
récipients n’ont pas été placés vides dans le temple:
l’offrande a plutôt consisté en le liquide qu’ils conte-
naient. Les coupes à boire représentent, à notre avis,
la dédicace d’une boisson. Signalons encore que les
imitations en miniature, desquels nous nous occuperons
plus loin, ne sont pas représentées parmi les vases de
style géométrique; ces petits récipients commencent
à faire leur apparition dans les parties les plus récentes
des couches archaïques, mais n’y figurent encore
qu’en petit nombre.
Statuettes votives Une aujre catégorie d’ex-voto,
des couches ar- . . .
chaïques. qui finit par devenir le don votif de
préférence, commence au contraire à apparaître en
quantité considérable avant le milieu du 6e siècle.
Nous parlons des petites figurines en terre cuite et
en d’autres matières. Nous avons découvert un petit
nombre de statuettes en terre cuite du style sommaire
de l’époque sub-géométrique, dont l’âge est attesté
p. e. par les trouvailles de Vroulia (670—570 avant
J.-C.). Des figurines analogues, présentant seulement
des variations locales, ont été trouvées dans les
différentes contrées helléniques, mais généralement
en quantité relativement petite; ΓAcropole d’Athènes
où l’on a exhumé un grand nombre de ces figurines,
1 Hérod. 5,88.
forme une exception à cet égard1. La coutume
d’offrir aux dieux de petites statuettes votives remonte
à une très haute antiquité. Les trouvailles de Lindos
nous permettent de suivre les voies par lesquelles
cette coutume très ancienne a subi un renouvellement
et pour ainsi dire une renaissance.
Cette renaissance a pris son point Figurines
de départ dans la contrée grecque située chypriotes,
le plus à l’est, dans l’île de Chypre, où l’on a
commencé à remplacer les figurines sommaires,
faites à la main, des époques les plus reculées, par
d’autres mieux modelées et en partie moulées. De
celles-ci on fait la transition aux figurines dont le
devant entier est tiré d’un moule. A côté de ces terres
cuites, les Chypriotes ont aussi fabriqué, à l’époque
archaïque, une grande quantité de statuettes votives
en calcaire. Ce n’est pas le fait du hasard si ces
figurines chypriotes, soit en terre cuite, soit en pierre
calcaire, font leur apparition à Lindos en grande
quantité dès les débuts de l’archaïsme 2 3 4 5. Cette ville
était la première station pour les navires qui prenaient
la voie de l’archipel grec. Ces figurines apparaissent
au même temps, et également en grand nombre, sur
la côte ouest de l’Asie Mineure (p. e. à Dadja, terri-
toire de Knidos 3), et elles sont en général très répan-
dues dans les pays environnant le bassin oriental de
la Méditerranée 4. Elles ont trouvé aussi, mais en
nombre beaucoup plus petit, la voie du continent
grec.
Quant à l’île de Rhodes, le gros de ces figurines
appartient au 7e siècle avant J.-C., témoin les fouilles
de Vroulia.
Avec ces statuettes chypriotes, nous Statuettes en
. faïence
avons trouvé aussi un certain nombre égyptienne,
de figurines en faïence égyptienne 5, soit d’un aspect
purement égyptien, soit d’un style dégénéré, parti-
culier aux ateliers étrangers fondés en Égypte, où les
Chypriotes se sont établis, à mon avis, même avant
les Grecs. Ces statuettes égyptiennes ne représentent
pourtant qu’en partie des figurines votives propre-
1 Voir AA 1893, p. 140 sq.; Winter, Typen, I, p. 24, n° 2.
2 Figurines chypriotes en calcaire nos 1584—1857, en terre
cuite 1941·—2100.
3 J'ai eu l’occasion d’étudier, dans les musées de Berlin, de
Londres et de Constantinople, une partie de ces trouvailles. Cf.
AA 1894, p. 176 II, n° V; p. 177, n° VII, 24—25 ; RA 1894, II, p. 27
et 266; AM 1896, p. 229—236; Mus. Ottom., Catal. des figurines de
terre cuite (1908), p. 582; Kunstmuseets Aarsskrift VI (Copenhague
1920), p. 39. Winter, Typen, I, p. LXXIV ne mentionne, comme
trouvées à Knidos, que des figurines d’une date avancée.
4 Pour l’importance qu’on attribuait dans certains cas à ces
figurines chypriotes, voir le conte légendaire souvent cité sur
Hérostratos qui en emporta une de Paphos à Naukratis: FHG, IV,
p. 480 — Athénaios, p. 675 f. Cf. Kunstmuseets Aarsskrift VI
(Copenhague 1920), p. 26 avec la fig. 6.
5 Voir nos 1207—1299.