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Gaston-Dreyfus, Philippe: Une dernière volonté de Nicolas-Bernard Lépicié
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17395#0041
de 1771 il a été gravé, en 17781 2, par J.-Ch. Levasseur3,
dont c’est une des estampes les plus célèbres. Cette cir-
constance est heureuse pour nous, car depuis la vente
Vaudreuil4 5, en 1787, nous n’avons pu retrouver la trace
du tableau.
Nous pouvons constater ici encore que l’œuvre ne jus-
tifiait pas de grands remords de conscience. Il n’y a même
pas les sous-entendus piquants de l’Atelier. L’artiste ne
pouvait se reprocher que d’avoir peint du nu sans voile.
11 est vrai que certains critiques trouvèrent ce nu quelque
peu débordant, et Lépicié fut peut-être sensible à leurs
remarques : « Ce Neptune », écrivait Diderot9, « a l’atti-
tude et la physionomie d’un Christ qui monte au ciel. Il
a un groupe de vents sur la gauche très burlesques et très
ridicules. Cette tritonne de la droite a le plus monstrueux
cul qu’il soit possible d’imaginer, devant ou après celui
d’une des Grâces de Brenet. »
En somme, personne ne refusera l’absolution aux péchés
de Lépicié. Dans les deux toiles qui l’inquiètent, dans
quelques autres, plus légères, dont il ne parle pas, comme
le Lever de Fauchon, le Baiser volé, il reste bien discret
à côté de beaucoup de ses contemporains. Il subit sans
doute, sur ses vieux jours, la crise de moralité de la pein-
ture à la fin du xvme siècle. Son naturel facilitait d’ail-
leurs cette évolution : nerveux, impressionnable à l’excès,
gravement atteint déjà de la maladie de poitrine dont il
devait mourir bientôt, il exagéra les tendances naturelles
qu’il avait pour la vertu. Peut-être eut-il dans son entou-
rage quelque rigoriste trop appliqué à le ramener dans le
1. N° 34 : la Colère de Neptune, 20 pouces de large sur 11 de
haut (om54 X om29).
2. Estampe de 23 pouces de large sur 18 de haut. Prix :
12 livres. 20 janvier 1778 (Journal de Paris, janvier-juin 1778,
p. 83).
3. Cabinet des Estampes : Levasseur, Suppléments reliés
(AA 4).
4. Vente du Cabinet de M*** (de Vaudreuil), 26 novembre
1787. N° 81, vendu 100 livres à Galan.
5. Diderot, Œuvres complètes, éd. Assézat, t. XI, p. 481.
dont c’est une des estampes les plus célèbres. Cette cir-
constance est heureuse pour nous, car depuis la vente
Vaudreuil4 5, en 1787, nous n’avons pu retrouver la trace
du tableau.
Nous pouvons constater ici encore que l’œuvre ne jus-
tifiait pas de grands remords de conscience. Il n’y a même
pas les sous-entendus piquants de l’Atelier. L’artiste ne
pouvait se reprocher que d’avoir peint du nu sans voile.
11 est vrai que certains critiques trouvèrent ce nu quelque
peu débordant, et Lépicié fut peut-être sensible à leurs
remarques : « Ce Neptune », écrivait Diderot9, « a l’atti-
tude et la physionomie d’un Christ qui monte au ciel. Il
a un groupe de vents sur la gauche très burlesques et très
ridicules. Cette tritonne de la droite a le plus monstrueux
cul qu’il soit possible d’imaginer, devant ou après celui
d’une des Grâces de Brenet. »
En somme, personne ne refusera l’absolution aux péchés
de Lépicié. Dans les deux toiles qui l’inquiètent, dans
quelques autres, plus légères, dont il ne parle pas, comme
le Lever de Fauchon, le Baiser volé, il reste bien discret
à côté de beaucoup de ses contemporains. Il subit sans
doute, sur ses vieux jours, la crise de moralité de la pein-
ture à la fin du xvme siècle. Son naturel facilitait d’ail-
leurs cette évolution : nerveux, impressionnable à l’excès,
gravement atteint déjà de la maladie de poitrine dont il
devait mourir bientôt, il exagéra les tendances naturelles
qu’il avait pour la vertu. Peut-être eut-il dans son entou-
rage quelque rigoriste trop appliqué à le ramener dans le
1. N° 34 : la Colère de Neptune, 20 pouces de large sur 11 de
haut (om54 X om29).
2. Estampe de 23 pouces de large sur 18 de haut. Prix :
12 livres. 20 janvier 1778 (Journal de Paris, janvier-juin 1778,
p. 83).
3. Cabinet des Estampes : Levasseur, Suppléments reliés
(AA 4).
4. Vente du Cabinet de M*** (de Vaudreuil), 26 novembre
1787. N° 81, vendu 100 livres à Galan.
5. Diderot, Œuvres complètes, éd. Assézat, t. XI, p. 481.