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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1910

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Cahen, Léon: La destruction du jubé de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
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https://doi.org/10.11588/diglit.17395#0085

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— 69 —

sans scandale et les prêtres qui étaient à la peine seraient
à l’honneur. Mais cet événement d’ordre religieux eut
tout de suite des conséquences architecturales. La police
et l’entretien de l’église furent confiés aux marguilliers,
c’est-à-dire à des laïcs qui connaissaient et partageaient
les sentiments et les désirs des fidèles. Déjà, autant qu’ils
le pouvaient, ils avaient modifié l’aspect des lieux pour
les rendre conformes au goût du jour. En 1728"•, ils
invitent les fidèles à se montrer généreux, car la caisse de
la fabrique a dû supporter de lourdes charges. On a tenu
à rendre « l’église plus claire », « à faciliter la lecture des
livres et prières à ceux qui assistent aux offices » ; aussi
a-t-on ôté « la noirceur que le temps et la peinture avaient
imprimée sur les voûtes, les murs et les piliers » ; on a
nettoyé les vitres; « certains verres rompus » ne pouvaient
plus servir; pour combler les vides, les marguilliers ont
acheté à la manufacture des glaces qui résisteront mieux
et laisseront tomber plus de jour. Ces réparations qu’ils
viennent de faire ne suffisent point aux administrateurs;
s’ils étaient plus riches, ils restaureraient d’autres parties
de l’édifice; s’ils étaient libres d’agir, ils réaliseraient sur
d’autres points « le vœu des paroissiens » ; ils abattraient
le jubé et « substitueraient à la place une grille qui lais-
sât voir le chœur de messieurs les chanoines et partici-
per au service divin ». La situation est nette. Au xvie siècle,
les fidèles acceptent le jubé, bien que celui-ci dérobe à
leur vue les offices : la messe est encore un mystère et
non point un spectacle; les assistants ont rarement des
livres, ils n’ont pas besoin de lumière, s’ils ne voient pas
les gestes de l’officiant, ils entendent les chants et cela
leur suffit. Il n’en est pas de même au xvne siècle : on
veut voir clair dans l’église, voir ce qui se passe au
chœur comme ce qui se passe dans la nef. Ce vœu que
les fidèles formulent en 1728, ils le formulent encore en
1745; ils veulent, maintenant qu’ils sont maîtres chez
eux, voir clair, suivre l’office dans leurs livres et dans
l’église. Le clergé paroissial s’oppose d’autant moins à ce
désir qu’il est fier de se montrer dans l’éclat de ses nou-

1. Paris, 1728, in-40, pièce.
 
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