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Chantre, Ernest
Mission en Cappadoce: 1893 - 1894 — Paris, 1898

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https://doi.org/10.11588/diglit.4617#0062
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BOGHAZ- KEUI

deNinive; car des raisons d'ordre paléographique s'y opposent absolument, et le
roi Sargon régna au vin6 siècle, tandis que nous avons fixé l'an 2000 environ
comme date de nos documents. On pourrait peut-être songer au vieux roi d'Agadé
qui fut très célèbre et presque un héros légendaire. On sait, d'après les monuments,
qu'il guerroya trois ans à l'Occident, qu'il poussa même jusqu'à Gypre ; le vainqueur
du pays de Kazalla aurait-il conduit son armée jusqu'en Gappadoce? Une expédition
babylonienne en Asie Mineure, vers l'an 3800 avant Jésus-Christ n'est pas invraisem-
blable. Les découvertes de l'expédition américaine à Nuffar ont montré à quelle
antiquité reculée remonte la civilisation Babylonienne. Après les recherches histo-
riques du professeur Ililprecht, on n'a plus aucune raison de contester la date de
3800 avant Jésus-Christ assignée à Sargon l'Ancien parNabonide. Plusieurs savants,
parmi lesquels le R. P. de Gara1, ont fait des réserves sur ce point et regardé le témoi-
gnage deNabonide comme suspect et empreint d'exagération ; mais nous ne doutons
pas que le savant historien des Pélasges ne modifie ses conclusions et qu'il ne recon-
naisse que, en faisant régner son ancêtre vers l'an 3800, Nabonide était de bonne
foi. En proposant l'an 2500 avant Jésus-Christ environ comme date de la rédaction
de nos tablettes, nous ne serons peut-être pas bien éloigné de la vérité.

En terminant cette courte introduction, disons encore un mot sur ces colons baby-
loniens qui s'installèrent en Gappadoce et dont nous avons des contrats. Nous con-
naissons les noms de plusieurs d'entre eux, noms théophores dans la composition
desquels entre le dieu Assur 2. Il paraît extraordinaire de voir cette divinité assy-
rienne adorée en pays étranger par des colons babyloniens, mais un passage sur lequel
M. Delitzsch a attiré notre attention dans ses leçons nous donne l'explication de
ce fait singulier. Dans un hymne bilingue au dieu Sin, publié dans le quatrième
volume du recueil du Musée Britannique (C. I. W. A., IV, pi. 9, 1. 3 et 4), on lit :
«... 0 dieu Nannar, seigneur, Assur, maître des dieux. » Le nom Assur3 n'est autre
qu'une épithète du dieu Sin et signifie le dieu miséricordieux ; c'est ainsi que
le dieu adoré par les colons était le dieu de la lune.

Le culte du dieu Sin fut toujours très en honneur en Assyrie et en Babylonie. Le
fils du vieux Sargon s'appelle Naram-Sin, c'est-à-dire celui qui est aimé du dieu Sin.
Sargon l'ancien fut le fondateur de l'astrologie ; l'institution d'un collège de prêtres
chargés de rédiger un code astrologique le rendit encore plus célèbre aux yeux des
Babyloniens que ses conquêtes lointaines. Basée sur des recherches approfondies dans

1 Voir son beau livre OU Helhei-Pelasgi, vol. I, p. 115.

2 Assur malik, Assur rabi, Assur bani, Assùremuki, etc.

3 L'adjectif asru signifie « qui apporte le salut », d'où le dieu Assur. Delitzsch, Dictionnaire, p. 148.
M. Oppert a depuis longtemps prouvé que le dieu Assur doit être traduit par le « dieu bon » (v. Expédi-
tion en Mésopotamie, t. II, p. 336, note 2).
 
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