DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Monti, Raffaele: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0056
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GAZKÏTK l)KS RK A L \ - A R ï S.
construction du Palais de Cristal à Sydenham, et, à Manchester, ce glorieux étalage de
trésors dont vous avez donné un aperçu si brillant et si vrai dans votre petit livre,
suffisent pour attester qu'en Angleterre la pratique du self-government existe dans le
domaine de l'art comme dans toutes les autres branches de l'activité humaine.
Où il y a progrès sensible, c'est dans l'ardeur laborieuse dont témoignent les expo-
sitions annuelles. L'année passée, il y eut de 3,500 à 4,000 ouvrages exposés : cette
année, nous en avons 5,000. Encore n'ai-je pas porté en ligne de compte les objets
d'art, anciens ou modernes, que leurs possesseurs ont pris l'heureuse habitude d'en-
voyer faire le tour des villes de province pour la jouissance et l'instruction du public :
libéralité vraiment admirable, dont la cour ici donne l'exemple, et qu'exercent toutes
les classes d'amateurs.
J'aurais bien voulu pouvoir, sans plus tarder, vous donner une idée de ce que ren-
ferment les expositions dont il s'agit. Mais le moyen de dire tout en quelques pages!
Rien que l'énumération des noms fameux équivaudrait à un dénombrement d'Homère.
Et comment, ores et déjà, vous entretenir, sans faire voler en éclats mon cadre, de
cette école des Pré-Raphaélites qui, de ce côté du détroit, a si bruyamment commencé
son agitation, selon l'expression anglaise, de cette école dont le théoricien altier est
M. Ruskin, un des critiques les plus éloquents de ce pays, et qui a vu un instant à
sa tète M. Millais, accusé depuis d'apostasie ? Il me faudrait plus de marge qu'il ne
m'en reste, pour établir que l'exemple des peintres antérieurs à Raphaël n'est pas
bon à suivre aveuglément, exclusivement comme l'entend M. Ruskin; que l'imitation
minutieuse de la nature jusqu'en ses moindres détails se rapporte à une fausse notion
de l'art, et qu'il y a quelque chose de supérieur à une théorie qui tend à transformer
les yeux de l'artiste en verres de microscope, et ses tableaux en photographies ma-
gnifiées. Je le répète, tout ceci exige des développements que j'ajourne.
Et force m'est d'ajourner aussi, tant la matière est abondante! ce que j'ai à vous
dire des édifices ouverts cette année au public, des statues érigées à Londres et en
province, des nouvelles fresques qui décorent le palais du Parlement, des gravures et
livres d'art qui ont paru, des superbes photographies publiées par M. Golnaghi et exécu-
tées par MM. Galdesi et Montecchi, d'après les fameux cartons de Raphaël, à Hamp-
toncourt; enfin d'une très-intéressante trouvaille dont j'ai réservé la nouvelle pour la
bonne bouche, j'entends la découverte qu'on vient de faire, dans Pall-Mall, à Schom-
burg-House, ancienne résidence de Gainsborough, de maint ouvrage mignon de ce
charmant peintre, l'auteur du portrait de Miss Graham, qu'à Manchester vous avez
tant admiré.
R A FF AELE MONT I.
GAZKÏTK l)KS RK A L \ - A R ï S.
construction du Palais de Cristal à Sydenham, et, à Manchester, ce glorieux étalage de
trésors dont vous avez donné un aperçu si brillant et si vrai dans votre petit livre,
suffisent pour attester qu'en Angleterre la pratique du self-government existe dans le
domaine de l'art comme dans toutes les autres branches de l'activité humaine.
Où il y a progrès sensible, c'est dans l'ardeur laborieuse dont témoignent les expo-
sitions annuelles. L'année passée, il y eut de 3,500 à 4,000 ouvrages exposés : cette
année, nous en avons 5,000. Encore n'ai-je pas porté en ligne de compte les objets
d'art, anciens ou modernes, que leurs possesseurs ont pris l'heureuse habitude d'en-
voyer faire le tour des villes de province pour la jouissance et l'instruction du public :
libéralité vraiment admirable, dont la cour ici donne l'exemple, et qu'exercent toutes
les classes d'amateurs.
J'aurais bien voulu pouvoir, sans plus tarder, vous donner une idée de ce que ren-
ferment les expositions dont il s'agit. Mais le moyen de dire tout en quelques pages!
Rien que l'énumération des noms fameux équivaudrait à un dénombrement d'Homère.
Et comment, ores et déjà, vous entretenir, sans faire voler en éclats mon cadre, de
cette école des Pré-Raphaélites qui, de ce côté du détroit, a si bruyamment commencé
son agitation, selon l'expression anglaise, de cette école dont le théoricien altier est
M. Ruskin, un des critiques les plus éloquents de ce pays, et qui a vu un instant à
sa tète M. Millais, accusé depuis d'apostasie ? Il me faudrait plus de marge qu'il ne
m'en reste, pour établir que l'exemple des peintres antérieurs à Raphaël n'est pas
bon à suivre aveuglément, exclusivement comme l'entend M. Ruskin; que l'imitation
minutieuse de la nature jusqu'en ses moindres détails se rapporte à une fausse notion
de l'art, et qu'il y a quelque chose de supérieur à une théorie qui tend à transformer
les yeux de l'artiste en verres de microscope, et ses tableaux en photographies ma-
gnifiées. Je le répète, tout ceci exige des développements que j'ajourne.
Et force m'est d'ajourner aussi, tant la matière est abondante! ce que j'ai à vous
dire des édifices ouverts cette année au public, des statues érigées à Londres et en
province, des nouvelles fresques qui décorent le palais du Parlement, des gravures et
livres d'art qui ont paru, des superbes photographies publiées par M. Golnaghi et exécu-
tées par MM. Galdesi et Montecchi, d'après les fameux cartons de Raphaël, à Hamp-
toncourt; enfin d'une très-intéressante trouvaille dont j'ai réservé la nouvelle pour la
bonne bouche, j'entends la découverte qu'on vient de faire, dans Pall-Mall, à Schom-
burg-House, ancienne résidence de Gainsborough, de maint ouvrage mignon de ce
charmant peintre, l'auteur du portrait de Miss Graham, qu'à Manchester vous avez
tant admiré.
R A FF AELE MONT I.