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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 4
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Emiliani-Giudici, Paolo: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0243

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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Florence, 5 lévrier 1859.

Pour bien traiter la question esthétique qui se rattache au génie de Bartolini, pour
montrer quel genre d'influence ont eu ses doctrines sur la résurrection de l'art en général
et de la sculpture en particulier, il me faudrait avoir sous les yeux la correspondance
de cet homme illustre, correspondance volumineuse qui va être bientôt mise au jour
par l'un des savants commentateurs auxquels nous devons la récente édition du
Vasari. Cependant je ne puis m'abstenir de vous exposer quelques-uns des principes
que les élèves du grand sculpteur ont recueillis de sa bouche, et qu'ils ont conservés
aussi religieusement que les disciples de Socrate conservaient les paroles- de leur
maître.

Bartolini voulait que les jeunes gens ne commençassent à dessiner que d'après les
grands maîtres grecs ou trécentistes, tels que Phidias et Giotto. L'art doit puiser son
initiation dans ses deux éléments : la matière et l'esprit, l'âme et le corps. — Il faut
toujours prendre garde que le sentiment n'altère pas la forme et que la forme ne nuise
pas au sentiment. — La vraie imitation consiste à reproduire la forme et le mouve-
ment, car quand la matière a forme et mouvement, elle a vie, et pour la reproduire
ainsi, les formes, les plans et le caractère sont plus essentiels que les détails, lesquels
appauvrissent la nature et tendent à en défigurer la beauté. — C'est le caractère de la
figure à représenter qui indique la nature des proportions qu'elle doit avoir. —Que les
élèves s'habituassent à imiter tous les objets que la nature offre à nos regards, cela
était bien, mais à la condition de rechercher dans le monde matériel ce que le génie
privé de l'étincelle créatrice ou du sens de l'art ne peut y découvrir. — Un maître
consciencieux ne peut enseigner autre chose que l'imitation, puisque savoir imiter c'est
savoir faire, clri sa copiare sa fare; aussi Bartolini ne cessait-il de recommander
l'exercice du portrait, par lequel on acquiert l'éducation des yeux et celle de la
main, qui sont les seuls moyens de passer maître. Il n'enseignait pas l'esthétique, parce
que, disait-il, chacun à la sienne; et ce n'était point par orgueil, mais par aversion pour
toute charlatanerie scolastique, qu'il repoussait le diplôme où, avec une froide et em-
phatique adulation, on l'appelait professeur du beau. Il blâmait son prédécesseur Ricci
d'avoir dit que les jeunes gens doivent d'abord tirer au gîte, pour ensuite tirer au vol:
« debbono prima tirare a fermo, per poi tirare a volo, » comme disent les chasseurs.
Ricci leur faisait passer tanl de temps à tirer au gîte, c'est-à-dire à copier les œuvres
 
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