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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 3
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Blanc, Charles: La Joconde de Léonard de Vinci: gravée par Calamatta
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0166

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LA JOCONDE

DE LÉONARD DE VINGT

GRAVÉE PAR G A L A M A T T A

George Yasari raconte ainsi l'histoire du portrait de la Joconde, « Léo-
nard commença pour Francesco del Giocondo le portrait de Mona Lisa
sa femme, et, après y avoir travaillé pendant quatre ans, il le laissa ina-
chevé; ce portrait est aujourd'hui chez le roi de France, François Ier, à
Fontainebleau. Pour savoir jusqu'où l'art peut aller dans l'imitation de la
nature, il faut voir cette tête dont les moindres détails sont rendus avec
une exquise délicatesse. L'œil brillant et humide est cerné de ces teintes
rougeâtres et légèrement plombées qui ne se peuvent rendre sans une
extrême finesse de touche. Les cils sont exprimés avec un naturel surpre-
nant, si bien qu'on les voit sortir de l'épiderme, plus épais ou plus rares,
dove più foïti, dove più radi, selon les pores de la chair. Le nez qui semble
respirer par des narines tendres où transparaît le sang, la bouche dont
les contours se perdent dans l'incarnat du visage, le creux de la gorge où
l'on croit sentir battre le pouls, tout cela est si admirable que c'est à faire
le désespoir des plus grands artistes. Pendant qu'il peignait cette belle
Mona Lisa dont il craignait d'altérer la beauté, Léonard l'avait entourée
de chanteurs, de musiciens et de bouffons, afin de l'entretenir clans une
douce gaieté, et pour lui ôter cet air d'affaissement et d'ennui que donne
toujours aux modèles une longue pose. Aussi, la figure de ce portrait
a-t-elle conservé un sourire d'une légèreté, d'une grâce et d'une malice
inexprimables. En somme, l'œuvre de Léonard est une merveille, une
chose plus divine qu'humaine, plus vivante que peinte. »

Ainsi s'exprime dans sa langue le bon George, comme disent les Ita-
liens, el buon Giorgino. Et de fait, quand on a vu cette Joconde si admi-
rable et tant admirée depuis plus de trois siècles, on s'explique tout ce
qu'il a fallu de courage, d'amour et de savoir pour entreprendre de la
graver. Aussi, aucun des fameux graveurs duxvnc siècle ne l'avait-il osé :
ni Jean Morin, qui aurait pu y prétendre par le sentiment et la profondeur
de son modelé; ni le savant Ëdelinck, qui avait rendu Raphaël par un tra-
 
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