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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 3
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Blanc, Charles: La Joconde de Léonard de Vinci: gravée par Calamatta
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0167

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U)h GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

vailsi précieux et pourtant si fier; ni François de Poilly, ni Gérard Au-
dran, qui s'étaient mesurés également avec le peintre d'Urbin; ni Robert
INanteuil, qui coupait le cuivre avec tant de délicatesse, de correction et de
tenue; ni Antoine Masson, si capricieux, mais en même temps si expressif
dans les évolutions singulières de son burin. Et ce qui avait tenu à dis-
tance les graveurs du grand siècle, dut effrayer à plus forte raison leurs
pâles héritiers, depuis Drevet jusqu'à Lebas et Gochin , depuis Larmessin
jusqu'à Balechou, tous ces burinistes élégants, désormais plus habiles à
traduire curieusement la variété des substances matérielles, qu'à saisir
les expressions de l'âme et à voir dans les maîtres le grand côté de la vie.
Au surplus, la Joconcle au xvnie siècle était peu comprise, et l'on en par-
lait si peu que Diderot, Gaylus, Mariette et les autres n'en disent pas un
mot. Ce siècle-là était occupé ailleurs. Spirituel, brillant et bruyant, il ne
s'arrêtait pas à la contemplation de ces œuvres intimes qui demandent du
recueillement et qui en inspirent.

C'est de nos jours seulement et depuis le grand mouvement de 1830,
que l'on a songé à dessiner et à graver la Joconde. Avant que M. Galamatta
ne publiât sa planche, une lithographie et une gravure au burin avaient
déjà paru; mais il faut dire que ces deux tentatives n'étaient pas de nature
à décourager l'illustre graveur. Une estampe , où la propreté de l'outil et
le brillant de la taille sont substitués à la justesse du dessin , ne saurait
avoir de succès auprès des artistes ou des amateurs qui ont appris à con-
naître Léonard de Vinci. Aussi, peut-on dire que rien n'était fait encore, et
que la Joconde était toujours à graver, quand M. Calamatta mit la dernière
main à ce noble ouvrage. 11 l'avait commencé il y a aujourd'hui plus de
vingt ans. Il nous souvient, en effet, qu'ayant eu l'honneur d'être reçu par
lui, comme élève, dans son atelier du passage Tivoli, nous y vîmes, pour
la première fois, le dessin doublement précieux d'après lequel allait être
exécutée la gravure, dont les fonds et les draperies étaient déjà couverts.

L'atelier cle Calamatta était une grande chambre à quatre croisées,
donnant, les unes sur la rue de Londres, les autres sur la rue, alors pro-
jetée, d'Amsterdam. L'une de ces fenêtres était occupée par Calamatta,
l'autre par son ami et compatriote Mercuri, que venait d'illustrer
l'admirable petite planche des Moissonneurs, d'après Léopold Robert. La
lumière, tamisée par des châssis de papier de soie, tombait, ici, sur la
planche de la Françoise de Rimini, que M. Calamatta menait de front
avec le Vœu de Louis XIII et la Joconde ; là, sur la délicate estampe de
la Sainte Amélie, de Paul Delaroche, que Mercuri avait ébauchée, et qu'il
abandonnait de temps à autre pour reprendre cette Jane Grey que la
maison Goupil vient enfin de mettre au jour. A la troisième fenêtre de cette
 
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