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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 2
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Emiliani-Giudici, Paolo: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0115

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CORRESPONUANGE PART1CULIÈRE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Florence, ô janvier 1859.

M. Emiliani Giudici, bien connu en Italie par son beau livre Storia
délia letteratura italiana, sera notre correspondant à Florence. S'il se
laisse entraîner quelquefois par son patriotisme en fait d'art, M. Giudici
le soutient du moins par de savantes et vives raisons.

Je ne me rappelle plus bien, Monsieur, lequel de vos journaux, rendant compte
de l'Exposition universelle de Paris, et parlant de la Toscane, écrivait : Florence,
autrefois la cité des artistes, n'est plus aujourd'hui que la ville des bouquetières,
la città délie Floraje; ce qui veut dire que dans la partie d'Orgagna, de Donatello,
de Léonard et de Michel-Ange, il n'existe de nos jours personne qui cultive l'art
avec quelque distinction. Vous conviendrez avec moi qu'une pareille sentence est
faite pour soulever la colère de tout ce qui tient une plume; aussi, l'antithèse
du journaliste français n'est-relle pas restée sans protestation. Malheureusement,
la riposte ne valait guère mieux que l'attaque, et ce n'a été de part et d'autre
qu'une escarmouche de paroles désobligeantes. Je sais que, dans la république
des lettres, on ne devrait se livrer bataille qu'avec des armes courtoises, pour la
défense de la vérité, et je ne crains pas d'affirmer que, dans cette querelle,
chacun des combattants a eu un peu tort et un peu raison. Le journaliste français
avait raison, puisque la Toscane, à l'Exposition universelle, faisait, il faut en conve-
nir, assez triste figure; il avait tort, parce qu'au lieu de chercher les Vraies causes
de cette pénurie, il a voulu s'en faire un argument irréfutable pour juger en dernier
ressort de l'état des beaux-arts dans notre pays. Le journaliste toscan a eu raison,
lui aussi, de repousser avec indignation un mépris si lestement formulé; mais il a eu
tort, parce qu'au lieu d'exposer des faits, il a ressuscité des déclamations surannées,
désormais fastidieuses et ridicules. Pour mettre en lumière la vérité, il suffisait de
citer les noms et les œuvres de nos artistes vivants, et d'esquisser en quelques traits
l'histoire de notre art contemporain. De cette manière, l'étranger aurait avoué sans
peine que la Toscane, et particulièrement Florence, bien qu'elle ne puisse pas aujour-
d'hui se faire gloire d'artistes aussi grands que ceux qui illustrèrent les siècles passés,
depuis Giotto jusqu'à André del Sarte, est cependant toujours la terre du génie; que
l'art y germe et y croit vigoureusement encore, et qu'à celui qui visite notre belle cité,
nous pouvons présenter des artistes de premier ordre, lesquels, se ressentant de la
condition morale et politique du pays, ont le malheur de fleurir dans l'obscurité, e!
'(1 plus souvent do s'éteindre sans que leur nom même ail franchi les Alpes !
 
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