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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 2
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Emiliani-Giudici, Paolo: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0116

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t. VZEÏTE DES BE \l \ - \UÏS.

C'est pour cela, Monsieur, que j'ai accepté, avec le plus vif plaisir, l'invitation que
vous êtes venu me faire à Florence, d'écrire dans un journal qui, comme If1 vôtre, se
propose d'étudier sérieusement l'art contemporain. Persuadé que pour connaître le
véritable étal de la peinture el de la statuaire en Toscane, il n'esl pas besoin de tenir
compte des expositions publiques [dans une autre lettre je vous en dirai la raison . je
convierai nos lecteurs à visiter les ateliers de nos maîtres, el je leur dirai : Venez;
si mille obstacles empêchenl l'artiste italien de se faire une renommée, allons chercher
le génie el le talent dans leur retraite solitaire: el nos bienveillantes paroles seront
pour lui un encouragement, le seul, hélas! qui le consolera peut-être des disgrâces de
la fortune.

Je me mets donc à l'œuvre, et en promettant de remplir mon devoir de critique,
je ne crains pas de dire que je le ferai, pour me servir des grandes paroles de Tacite,
s'oie ira et studio.

Je commencerai par Lorenzo Bartolini, que, d'un consentement unanime. l'Italie el
même l'Europe entière ont salué comme le prince de la sculpture moderne; et certes.
Bartolini est un statuaire d'une importance telle qu'on ne pourra jamais exactement
apprécier le rôle qu'il a joué dans l'histoire de l'art, pendant la première moitié de ce
siècle, sans décrire en quelques mots l'époque où il a vécu.

Les plus grands maîtres de la peinture et de la sculpture, il y a cinquante ans.
passaient pour être le Français Louis David et le Vénitien Canova. Tous deux en
étaient venus à personnifier certaines idées de réforme radicale, formulées et sou-
tenues par quelques grands esprits de la génération précédente. Le xvnie siècle, dans
le but de refaire le monde moral et politique, réclamait en outre la réforme des lettres
et des arts. Les critiques déclarèrent la guerre au maniérisme qui régnait depuis
deux siècles et demi dans les écoles. Or, comme l'instinct naturel de l'esprit humain le
porte à faire revivre les choses détruites, ces illustres-réformateurs, surs de leur vic-
toire et rêvant pour le beau absolu une forme donnée, forcèrent les talents naissants
à diriger leurs yeux vers l'art antique et à s'absorber dans cette contemplation. Us par-
vinrent à écraser ce que David appelait si vivement ta queue du Bernin. Mais, comme
il arrive dans tous les conflits, l'ivresse d'un triomphe qu'ils voulaient perpétuer,
leur fit dépasser le but. Le bel art grec, cette merveille de tous les âges, fut proclame
l'idéal de la perfection. Aux jeunes artistes on imposa rigoureusement l'obligation
d'imiter les œuvres des maîtres grecs et de mépriser celles des modernes. Par excès
de zèle, les philosophes de l'art répandirent à pleines mains le mépris et les impréca-
tions sur les noms vénérés de ceux que l'Italie, au sortir de la nuit du moyen âge,
avait considérés comme les restaurateurs de l'art. Ce Milizia, qui fut le plus violent,
le plus audacieux des prédicants de l'hellénisme, écoutez un peu ce qu'il écrivait dans
une de ses brochures, alors si retentissante, aujourd'hui si parfaitement oubliée ( /rte
di vedere) : « Pendant une bonne douzaine de siècles, depuis Constantin jusqu à
« Raphaël, le genre humain a tout vu en barbare. Ici j'entends crier une foule de
« Toscans, Cimabue, Taffi, Gaddi, Giotto, Margaritone : Nous avons bien \u.—
« Nous avons mieux vu, nous autres, disent <m élevant la voix, Buflalmacco, Orgagna,
« Duccio, Starnina, Bicci, Baccio, Robbia. — Mieux, mais bien mieux, nous autres,
«hurlent Massaccio, Uccello, Castagne, Pisello, Cecca, Botticelli, Pollajuolo, Ver-.
« rocchio, Signorelli. Je suis divin, dit en bondissant Michel-Ange, et je communique
« ma divinité à Vinci, à Sarto, et particulièrement à Vasan, à la condition expresse
« que ce dernier fasse l'entomologie pittoresque et très-intéressante de l'Étrurie, pour
 
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