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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 2
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Baschet, Armand: Chronique vénitienne du passé, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0080

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CHRONIQUE VÉNITIENNE DU PASSÉ

AU RÉDACTEUR.

Pendant mon séjour à Venise, alors que lecteur assidu des archives
d'État, réunies et conservées aujourd'hui dans le vieux cloître de Santa
Maria dei Frari, et déchiffrant les anciennes dépêches des ambassadeurs
vénitiens accrédités auprès des cours étrangères, je recherchais les bruits
et les faits de la politique du jour au xvie et au xvne siècle, je fus sou-
vent distrait par la rencontre inattendue de quelques-uns de ces menus
détails qui, pour ne pas répondre directement au but de mes recherches,
n'en avaient pas moins un singulier attrait.

Parfois l'ambassadeur termine sa dépêche par le récit d'une fête,
d'une comédie, d'une de ces pasquinades qui étaient tant de mode alors,
d'un ballet à l'italienne donnés chez Catherine de Médicis, soit au Louvre,
soit en sa maison des Tuileries; parfois encore d'un tournoi, d'une belle
partie de jeu de paume, d'un bris de lance sous Henri II, soit aux champs
du manoir de Pierrefonds, soit dans l'allée des lices au séjour de Blois.
Je n'eus garde de laisser dans l'ombre ce genre de faits divers si bien
notés par l'ambassadeur de Venise. Vous savez combien aujourd'hui
toutes les traces de ces récits de la vie des Valois sont avidement re-
cherchées et suivies par les gourmets de l'histoire : les copier, les retenir,
cela était de bonne prise, je les ai donc copiés et retenus. Souvent aussi
je trouvais une note qui précisait un renseignement sur telles choses
d'art d'une origine ignorée ou sur des personnages illustres qui, soit à
l'aurore, soit au plein midi de leur célébrité contemporaine, jouissaient
déjà du privilège d'éveiller sur leurs moindres actions les sentiments de
la curiosité publique. Connaissant la valeur que le temps a donnée à de
tels détails que l'ambassadeur n'écrivait peut-être qu'à titre de hors-
d'œuvre, je pris soin d'en faire recueil, et, glaneur consciencieux, je les
joignis aux gerbes déjà formées : de là des moissons heureuses.

Vous ouvrez aux beaux-arts une gazette instructive, élégante. Appar-
tenir pour ma petite part, pour ma part vénitienne, à la rédaction de cette
gazette si bien venue, être activement des vôtres dans la mesure des
moyens dont l'étude et le goût des recherches me permettent d'user,
m'est du plus vif plaisir, et sans tarder davantage, je veux vous ouvrir à
mon tour les mémorandum que j'ai formés de tant de dépouilles, et en
 
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