Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Deschamps, P.: A M. Charles Blanc directeur de la "Gazette des Beaux-Arts"
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0114

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

A l'imitation de Grolier, quelques amateurs contemporains se plurent à faire couvrir
leurs livres d'éclatantes reliures, dont le goût n'est peut-être pas toujours aussi inat-
taquable : Thomas Maïoli, le Flamand Marc Lauryn, François Ier, Henri II et Catherine
de Médicis, enfin Louis de Saincte-Maure, méritent d'être cités tout de suite après le
chef de l'école. Le dernier nommé est peut-être le moins connu; mais ses reliures,
d'une excessive rareté, sont remarquables par une richesse d'ornementation qui n'a
jamais été surpassée : nous en donnons ici un spécimen que M. Solar a bien voulu
extraire, pour votre journal, des rayons de sa splendide collection, et je suis convaincu
que tous les amateurs lui sauront gré de sa complaisance, en admirant cette belle
reliure, d'un style si élégant, d'un goût si pur.

Louys de Sainte-Maure, marquis de Nesle et comte de Joigny, chevalier de l'ordre
du roi, fut donné en otage, en 1559, à la reine Élisabeth d'Angleterre, et mourut le
9 septembre 1572 (le 9 novembre, d'après Moréri) à Paris, d'où son corps fut trans-
porté et enseveli à Nesle 4. La magnifique reliure dont nous avons donné plus haut la
réduction, recouvre un exemplaire de Pline, imprimé chez Froben, à Basle, en 1545,
grand in-folio. Ce beau livre est, ainsi que la reliure, de la plus étonnante conservation.

Mais je m'aperçois que je ne voulais dire que quelques mots sur notre vieil ami
Grolier, et que je me suis tout doucement laissé entraîner au courant de la plume.

Il est cependant une autre branche de la curiosité, que je compte bien ne pas
négliger, et qui, je l'espère, sera de quelque intérêt pour vos lecteurs : c'est, Monsieur,
Vautographie. Yoilà encore une riche mine à exploiter, et nous avons heureusement en
France et en Angleterre quelques opulents collectionneurs, dont la gracieuse complai-
sance est inépuisable, et qui veulent bien nous permettre de fouiller jusqu'à l'indiscré-
tion dans leurs trésors. Je citerai en première ligne M. Ch....., qui possède incontesta-
blement une des plus belles collections d'autographes connues, et qui a bien voulu me
donner, pour votre premier numéro, cette lettre inédite de Raphaël... ab love princi-
pium ! dont nous publions le fac-similé.

Faut-il essayer d'en donner une traduction aussi littérale que possible? Essayons :
« Mon très-excellent Seigneur, après toutes les obligations que je vous dois, je me
«recommande de toutes mes forces à vos bonnes grâces; Dieu sait combien j'ai de
« déplaisir à causer tant d'ennuis à V. E., mais l'honneur me mord au cœur, et la néces-
« sité grande en laquelle je me trouve me force cette fois encore de vous donner cette
a fatigue. Je prie Y. E. de m'avoir pour excusé et la conjure de faire ce qu'elle a déjà
« fait si souvent; c'est que son serviteur et esclave soit assuré de pouvoir vivre. J'en
« reviens à me recommander à Y. E.

« A Florence le 8 juillet.

De V. E. le très-humble et très-obéissant serviteur,

« RAPHAËL. »

Il est bien dur d'avoir à placer son humble signature aussi près de cet illustre nom,
mais ici finit mon article.

P. Deschamps.

1. Voy. Moréri, édit. de 1759, tome 9, p. 656.
 
Annotationen