Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Mouvement des arts et de la curiosité
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0125

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-AKTS.

121

tout aussi naïvement que les barbares d'Occident, — et dont les pieds étaient formés
par des tètes d'animaux chimériques d'un grand caractère, 162 francs.

VENTES D'ESTAMPES ET DE DESSINS

Le cabinet de feu Gilbert, dont la vente a occupé de nombreuses vacations dans le
commencement de décembre, avait nécessité deux catalogues : un premier, pour les
livres, précédé d'une notice biographique par M. Dusevel,et un second, pour la collec-
tion iconologique, appréciée et mise en lumière par M. A. Bonnardot, amateur parisien.

Gilbert (Antoine-Pierre-Marie), né à Paris le 8 janvier 1785, était un de ces savants
spécialistes qui sentent qu'une vie entière n'est pas trop longue pour étudier l'œuvre
d'un maître ou un monument illustre. Il s'était fait l'homme unius libri, comme disaient
les anciens... Le seul livre qu'ait lu et relu M. Gilbert, durant sa longue et laborieuse
carrière, c'est l'église de Notre-Dame de Paris.

Ce n'est pas qu'il n'ait publié de nombreuses et intéressantes notices sur presque
toutes nos cathédrales gothiques ou de transition , sur Chartres, Saint-Denis, Saint-
Ouen de Rouen, Saint-Pierre de Beauvais, Amiens, Saint-Riquier en Ponthieu, Saint-
Vulfran d'Abbeville, sans parler d'autres travaux archéologiques pour la Société des
antiquaires de France, dont il était membre; mais ce n'était de sa part que de passa-
gères infidélités, et sans cesse il revenait à sa chère Notre-Dame de Paris, avec cette
touchante naïveté de l'amant qui cherche et découvre chaque jour une beauté nouvelle
dans l'objet aimé.

Il en avait été nommé conservateur, titre qui en réalité signifiait gardien. Aussi,
pour vivre plus intimement avec elle, s'était-il ménagé dans les tours une véritable
cellule de bénédictin antiquaire. Il ne l'aimait pas seulement dans le présent, il voulait
la faire revivre dans son glorieux passé, décrivant les curiosités de son trésor, étudiant
avec la loupe du savant ce que Victor Hugo avait si bien vu avec l'œil du poëte, deman-
dant aux gravures ou aux parchemins les secrets de ses transformations successives,
découvrant et signalant tant de restaurations partielles et malheureuses, et gémissant
sur les cruels vandalismes de la politique et sur ceux de la mode, plus cruels encore;
ainsi, il était parvenu à réunir, en dépensant beaucoup de temps et de soins, et tout ce
qu'il avait d'argent, une bibliothèque archéologique du meilleur choix, et une collection
de pièces historiques, gravures et dessins, du plus grand intérêt pour l'histoire de Paris.

Vieillard robuste, fureteur intrépide, érudit et rusé comme l'homme qui ne poursuit
qu'une idée, on l'a vu, jusqu'à son dernier jour, fouiller patiemment les cartons des
plus humbles étalagistes, et marchander avec l'opiniâtreté d'un amateur qui ne peut se
persuader qu'on lui demande 8 francs, d'une gravure qu'il rencontrait, il y a vingt ans,
dans les lots à deux sous.

Nous n'avons rien de mieux à faire, au surplus, que de renvoyer le lecteur àquelques
pages pleines de fine bonhomie et de solide érudition, consacrées par M. Bonnardot à
son ami et confrère en raretés historiques sur l'histoire de Paris, à ce bon M. Gilbert
qui tomba, foudroyé d'apoplexie, le 5 janvier 1858. Ces trop courtes pages, enthou-
siastes et intimes tout ensemble, forment une histoire complète du bouquinisme depuis
50 ans. On y trouvera entre autres curiosités, que feu Gilbert a avait payé autrefois
huit sous, à l'étalage d'un marchand de bric-à-brac, établi sous les voûtes en arc de
cloître, dépendant de l'ancienne église de Saint-Barthélémy, et qu'on nomme « passage
'lu Prado, » unplan de Jacques Gomboust, représentant Paris vers 1649; lequel plan
l. 16
 
Annotationen