Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (1.1859)

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à l'expérience et à la sûreté de l'âge mûr, il a produit, dans le genre I»1 plus élevé, se*
pages les plus parfaites. L'exposition qu'on nous annonce pour le mois de mars pro-
chain aura donc un double attrait: la réunion do ses meilleures œuvresel la nouveauté
du plus grand nombre.

— Le Moniteur a public le règlement de l'exposition prochaine des œuvres des
artistes vivants, et ce règlement est à peu près le même que celui des années précé-
dentes. Nous y avons remarqué pourtant un article nouveau, statuant que les artistes
qui auront été honorés d'une médaille de seconde classe à l'Exposition universelle
de 1855, seront reçus sans examen. C'est là une excellente addition à l'ancien règlement.
Le public étant le vrai juge des oeuvres d'art, le juge en dernier ressort, il faut tondre
à élargir le cercle des franchises, pour tous ceux du moins que l'on en peut juger
dignes à priori.

A la suite1 du règlement, le Moniteur publie une ordonnance qui approuve en ces
ternies l'organisation d'une loterie d'objets d'art choisis parmi ceux qui feront partie de
l'exposition :

« L'administration de la Liste civile impériale se charge de la direction et de tous
les détails de cette loterie. Une commission, dont les membres seront ultérieurement
désignés, indiquera les ouvrages qui lui paraîtront dignes d'être acquis. Elle fixera les
prix à offrir aux artistes dont les ouvrages auront été choisis. La loterie se divisera en
deux tirages, qui auront lieu au palais de l'Industrie, le premier, le 15 mai prochain;
le second, le lendemain de la distribution des récompenses. Le prix de chaque billet est
fixé à deux francs; les billets se distribueront au palais de l'Industrie. Les acquisitions
de lots se feront au fur et à mesure du placement des billets, et en raison du nombre
qui en aura été pris. Deux œuvres importantes, l'une en peinture, l'autre en sculpture,
sont assurées d'avance à la loterie, quel que soit le nombre des billets placés. »

Pour parler franchement, l'organisation do cette loterie par les mains et dans le
palais même du gouvernement, nous paraît une innovation moins heureuse que l'autre.
Ouelle que soit la légitimité du but, car les artistes n'auront certainement pas à s'en
plaindre, il y a dans le moyen employé quelque chose qui n'est pas conforme aux habi-
tudes de la France.

11 faudrait se défendre un peu plus de cette invasion du génie anglais qui ne conçoit
rien sans péage. Mieux conseillé, le gouvernement aurait laissé se former à côté de
lui une organisation dont il ne se serait mêlé en aucune façon, si ce n'est pour l'en-
courager et lui donner des facilités en tout genre. Il nous semble que ce mouvement
de fonds qui va s'établir dans le sanctuaire môme de l'art, n'y fera pas un excellent
effet et qu'il serait plus convenable de l'en éloigner.

— La maison de Jacques Cœur, le célèbre argentier du roi Charles VU, curieux
monument de notre architecture civile au xve siècle, vient d'être achetée par l'État
et le département du Cher, moyennant la somme de 950,000 francs. Celte acquisition
fait également honneur à la ville de Bourges, au conseil général et au gouvernement qui
y ont généreusement concouru.

Le Rédacteur en chef : C11 A R L E S BLANC.

rUil*. — IMPRIMEBIK IIL J. CLA V t . HUE SAINT-BENOIT, /