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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 4
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Le Blant, Edmond; Jacquemart, Albert: La porcelaine de Chine, [2]: décor des vases
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0213

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210 GAZETTE DES BEAI \- VRTS.

s'avancent vers un autel couvert de coupes libatoires et placé sous la
constellation de la grande ourse.

Nous ne reviendrons pas sur la scène principale du vase de la collec-
tion Malinet figuré dans notre précédent article; la présence du Ky-Lin,
celle plus significative encore de la déesse Kouan-In entourée de divinités
secondaires portant des étendards1, prouvent assez la croyance mystique
des Tao-sse. Mais nous insisterons vivement sur l'inscription Tching ling
Kiun, district de Tching ling, placée sous le pied, et qui atteste la desti-
nation de la pièce, fabriquée exprès pour les cérémonies publiques de ce
district. Nous émettons cette opinion avec une conviction d'autant mieux
arrêtée qu'un cornet, vendu en 1826, portait cette autre inscription non
moins explicite : « Fait pour le temple Fou-lou-Tsiang, la neuvième année
« de Tsoung-Tsin (1637), en été, jour heureux2. » Ainsi se trouve justi-
fiée, soit par des énonciations authentiques, soit par la nature spéciale
des figures qu'elles portent, la destination religieuse des porcelaines à
sujets de la famille verte.

Parlerons-nous de représentations plus fantastiques encore ? Ici, sur
une belle aiguière de forme persane, un vieillard tranquille, assis au mi-
lieu d'un nimbe flamboyant, secoue des deux mains des gourdes vomissant
la foudre et le feu; il frappe ainsi des personnages armés qui roulent
éperdus dans les nuages et les flots. Ailleurs, la courbe ventrue d'une
potiche suffit à peine au développement d'un combat mythologique; des
héros, montés pour la plupart sur des monstres ou des chevaux fantasti-
ques, se poursuivent à travers les nues, les flammes, la fumée et les flots;
dédaignant de se servir de leurs armes, ils indiquent par leurs gestes
effrénés qu'ils ont pour auxiliaires les éléments eux-mêmes3.

La théogonie extravagante des sectateurs de Lao-Tseu se montre plus
placide sur les magnifiques bols de la collection de M. Léon Rattier, et sur
des plats appartenant à M. Guntzberger; leur pourtour offre sans doute la
réunion des propagateurs de la doctrine de 7ao, accompagnés de cer-
taines divinités; tous, montés sur des animaux fabuleux ou emblémati-
ques, forment une sorte de ronde fantastique, bizarre comme les danses
macabres.

Nous arrivons aux monuments de la seconde école : plus nombreux

1. Sur la face opposée à celle qu'on a gravée.

2. Cotai, de la vente de la coll. Sallé, p. 38.

3. Le San-Koué-Tchij, t. I, p. 20, rapporte un trait de la puissance du magicien
Tchang-Pao : à sa voix le tonnerre gronde, les vents mugissent, des hommes et des
chevaux descendent du ciel; mais le charme rompu par une puissance supérieure, on
voit tomber des hommes de papier et des chevaux de paille.
 
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