DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Le Roux de Lincy, Antoine Jean Victor: La curiosité les artistes et les Beaux-Arts à Paris, sous Louis XIV
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0225
GAZETTE DES BEAUX-A liTS.
L'année suivante, l'auteur, en augmentant son ouvrage, crut devoir
modifier le titre de la manière que voici :
Le Livre commode, — contenant les Adresses de la ville de Paris —
et le Trésor des almanachs— pour l'année bissextile 4 592, etc., etc.,
par Abraham du Pradel, philosophe et mathématicien, h\ pages.
Dans l'avertissement qu'il a placé en tête de cette seconde partie, l'au-
teur donne sur son livre des renseignements utiles à consigner ici :
« Il publia, dit-il, en 1690 une sorte d'essay, qui eut pour titre : le Trésor des Alma-
nachs pour servir a toutes espèces de négociations utïles, et qui fut seulement im-
primé à Troyes sur une simple permission, avec assez de négligence : cependant l'accueil
favorable que le public fit à cet essay, ayant fait naître à l'auteur le dessein de le rendre
plus recommandable, et de poursuivre au grand sceau la permission prohibitive de le
faire imprimer, il fut publié pour la seconde fois en \ 691, à la vérité avec une augmenta-
tion considérable, mais non pas avec l'ordre et l'exactitude qu'on pouvoit désirer, le
privilège n'ayant été obtenu que vers la fin de 4690... Lors de cette seconde édition, ce
livre fut intitulé les Adresses de la ville de Paris, et le Trésor des Almanachs avec cette
addition de Livre commode, etc.; mais étant arrivé que dans le courant de l'année,
bien des gens avoient tesmoigné qu'ils seroient bien aises d'avoir pour le commerce, ou
pour des présents, des almanachs séparez du Recueil des adresses, et qu'au contraire
tous ceux qui avoient recherché le Recueil des adresses avoient eu à gré d'y trouver
l'almanach, l'auteur a pris le parti de faire en même temps deux éditions distinguées,
l'une sous le titre général de Livre commode qui comprend ensemble cet almanach
et le Recueil des Adresses, l'autre sous le premier titre de Trésor des Almanachs qui
se vendra séparément. »
Voilà qui est clair : trois années de suite l'auteur a publié son almanach
avec des modifications importantes; l'édition de Troyes (1690) ne contient
que des renseignements généraux ; celle de 1691 est plus ample, et ren-
ferme déjà quelques notices intéressantes ; celle de 1692, qui est considé-
rablement augmentée, abonde en détails des plus curieux. Des témoignages
contemporains prouvent sans réplique que le nom à"Abraham du Pradel
est un pseudonyme sous lequel s'est caché Nicolas de Blegny, chirurgien
empirique, d'une réputation fort équivoque et dont la vie fut très-agitée.
Né en 1652, il exerça la profession de bandagiste-herniaire, puis il dirigea
une sorte d'académie médicinale dans laquelle étaient prônés toutes sortes
de remèdes pour des maux incurables. Les membres de cette académie
publiaient, par cahiers mensuels, un journal qui fut supprimé en 1671,
par ordre supérieur. De Blegny quitta la France pour la Hollande : retiré
à Amsterdam, il employa tous les moyens pour fixer sur lui l'attention,
afficha des cours de toutes sortes, et même en ouvrit un sur la coiffure à
l'usage des garçons perruquiers. Au bout de quelques années, il revint à
Paris, où, grâce à de puissants amis, il fut nommé, en 1678, chirurgien
L'année suivante, l'auteur, en augmentant son ouvrage, crut devoir
modifier le titre de la manière que voici :
Le Livre commode, — contenant les Adresses de la ville de Paris —
et le Trésor des almanachs— pour l'année bissextile 4 592, etc., etc.,
par Abraham du Pradel, philosophe et mathématicien, h\ pages.
Dans l'avertissement qu'il a placé en tête de cette seconde partie, l'au-
teur donne sur son livre des renseignements utiles à consigner ici :
« Il publia, dit-il, en 1690 une sorte d'essay, qui eut pour titre : le Trésor des Alma-
nachs pour servir a toutes espèces de négociations utïles, et qui fut seulement im-
primé à Troyes sur une simple permission, avec assez de négligence : cependant l'accueil
favorable que le public fit à cet essay, ayant fait naître à l'auteur le dessein de le rendre
plus recommandable, et de poursuivre au grand sceau la permission prohibitive de le
faire imprimer, il fut publié pour la seconde fois en \ 691, à la vérité avec une augmenta-
tion considérable, mais non pas avec l'ordre et l'exactitude qu'on pouvoit désirer, le
privilège n'ayant été obtenu que vers la fin de 4690... Lors de cette seconde édition, ce
livre fut intitulé les Adresses de la ville de Paris, et le Trésor des Almanachs avec cette
addition de Livre commode, etc.; mais étant arrivé que dans le courant de l'année,
bien des gens avoient tesmoigné qu'ils seroient bien aises d'avoir pour le commerce, ou
pour des présents, des almanachs séparez du Recueil des adresses, et qu'au contraire
tous ceux qui avoient recherché le Recueil des adresses avoient eu à gré d'y trouver
l'almanach, l'auteur a pris le parti de faire en même temps deux éditions distinguées,
l'une sous le titre général de Livre commode qui comprend ensemble cet almanach
et le Recueil des Adresses, l'autre sous le premier titre de Trésor des Almanachs qui
se vendra séparément. »
Voilà qui est clair : trois années de suite l'auteur a publié son almanach
avec des modifications importantes; l'édition de Troyes (1690) ne contient
que des renseignements généraux ; celle de 1691 est plus ample, et ren-
ferme déjà quelques notices intéressantes ; celle de 1692, qui est considé-
rablement augmentée, abonde en détails des plus curieux. Des témoignages
contemporains prouvent sans réplique que le nom à"Abraham du Pradel
est un pseudonyme sous lequel s'est caché Nicolas de Blegny, chirurgien
empirique, d'une réputation fort équivoque et dont la vie fut très-agitée.
Né en 1652, il exerça la profession de bandagiste-herniaire, puis il dirigea
une sorte d'académie médicinale dans laquelle étaient prônés toutes sortes
de remèdes pour des maux incurables. Les membres de cette académie
publiaient, par cahiers mensuels, un journal qui fut supprimé en 1671,
par ordre supérieur. De Blegny quitta la France pour la Hollande : retiré
à Amsterdam, il employa tous les moyens pour fixer sur lui l'attention,
afficha des cours de toutes sortes, et même en ouvrit un sur la coiffure à
l'usage des garçons perruquiers. Au bout de quelques années, il revint à
Paris, où, grâce à de puissants amis, il fut nommé, en 1678, chirurgien