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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 4
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Le Roux de Lincy, Antoine Jean Victor: La curiosité les artistes et les Beaux-Arts à Paris, sous Louis XIV
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0234

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l'année 1720 : « C'étoit, dit-il, mie femme qui n'étoit point méchante, qui
ri'avoit d'intrigues que de galanterie, mais qui les aimoit tant que jusqu'à
sa mort elle étoit le rendez-vous des galanteries de Paris, dont tous les
matins les intéressés lui rend oient compte; elle aimoit le monde et le jeu
passionnément, avoit peu de bien et le réservoit pour son jeu; le matin,
tout en discourant avec ses galants qui lui contoient les nouvelles de la
ville ou les leurs, elle envoyoit chercher une tranche de pâté ou de jam-
bon, quelquefois un peu de salé ou des petits pâtés, et les mangeoit; le
soir elle alloit souper et jouer où elle pouvoit, rentroit à quatre heures du
matin ; et a vécu de la sorte, grasse et fraîche, sans nulle infirmité,
jusqu'à plus de quatre-vingts ans, qu'elle mourut d'une assez courte
maladie, après une aussi longue vie, sans souci, sans contrainte, et uni-
quement déplaisir. » (T. xvn, p. 472.)

On trouve encore dans cette liste le nom de la fameuse duchesse
de Bouillon, cette nièce de Mazarin impliquée dans plusieurs affaires
galantes et criminelles ; celui de la duchesse de Richelieu, qui ne fut pas
sans tache, et enfin celui de lamarquise de Quintin, beaucoup moins connu
que les deux noms qui précèdent, mais dont Saint-Simon a tracé un char-
mant portrait : « Madame de Quintin avoit été fort jolie, parfaitement
bien faite, fort du monde, veuve de bonne heure , sans enfants, riche de
ses reprises et de trente mille livres de rente que M. le maréchal de Lorges
lui faisoit durant sa vie, pour partie de l'acquisition de Quintin qu'il avoit
faite de son mari. En cet état, et avec beaucoup d'esprit, elle vit la
meilleure compagnie de la cour, et comme elle avoit l'esprit galant et
impérieux, elle devint une manière de fée qui dominoit sur les soupirants
sans se laisser toucher le bout du doigt qu'à bonnes enseignes, et delà,
sur tout ce qui venoit chez elle, toutes fois avec jugement ; et se fit une
cour où on étoit en respect, comme à la véritable, et aussi touché d'un
regard, d'un mot, qu'elle adressoit. Elle avoit un bon souper tous les soirs ;
les grandes dames la voyoient comme les grands seigneurs ; elle s'étoit
mise sur le pied de ne sortir jamais de chez elle, et de se lever de sa chaise
pour fort peu de gens. Monsieur y alloit; elle étoit la reine de Saint-Cloud,
où ellen'alloit qu'en bateau, et encore par grâce, et n'y faisoit que ce qu'il
lui plaisoit ; elle y avoit apprivoisé jusqu'à Madame, qui l'alloit voir aussi.
Madame de Bouillon, autre reine de Paris, elle l'avoit subjuguée, l'avoit
souvent chez elle, et le duc et le cardinal de Bouillon. »

D'autres illustres dames pourraient nous donner lieu à des remarques
intéressantes; mais, comme dit Brantôme, c'est assez d'écriture pour cette
fois.

LE ROI Y DE LINCY.
 
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