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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 4
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0252

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

siècle et demi, excitent l'admiration des amateurs. Le bois, choisi avec le discerne-
ment le plus fin, réunit à la richesse des nuances toutes les conditions de sonorité. Les
ouïes, coupées de main de maître, deviennent des modèles de disposition pour ses
successeurs. Enfin, il emploie, à cette époque, le vernis de Strasbourg, qui réunit aux
tons chauds et aux reflets dorés une pâte fine et une souplesse indispensable à la trans-
mission libre des ondes sonores. En résumé, et sans parler des détails intérieurs dont
l'exposition nous entraînerait trop loin, tout a été prévu, calculé, déterminé d'une ma-
nière certaine dans ces instruments admirables, et la science moderne n'a fait que
confirmer ce que l'instinct, plus encore peut-être que les tâtonnements, avait fait dé-
couvrir à Stradivari.

A partir de 1725, le cachet du maître disparaît presque complètement. La vieillesse
allourdit ses doigts industrieux; et lui-même, avec une touchante modestie, ou peut-
être pour ne pas compromettre devant la postérité la haute valeur dont il avait con-
science, il désigne plusieurs de ses instruments comme ayant été faits simplement sous
sa direction. Sub disciplina Stradivarii.

Il s'était marié vers 1676 et avait eu une fille et trois fils qui n'héritèrent pas de
son génie. Il avait fixé le prix de ses violons à quatre louis d'or; aussi, disait-on
dans Crémone, riche comme Stradivarius. Maigre et de haute stature, il était habi-
tuellement coiffé « d'un bonnet de laine blanche en hiver, et de coton en été » et por-
tait, pendant son travail, c'est-à-dire toujours, un tablier de peau blanche.

Stradivarius mourut le 17 décembre 1757, après avoir résolu le dernier problème de
l'art du luthier : réunir au moelleux et au charme la clarté, le brillant et la puissance
vibratoire. C'est un des grands artistes que l'Italie ait enfantés. Il était digne de naître
au xve siècle. Aujourd'hui, M. Vuillaume nous affirme qu'on sait à peine son nom à
Crémone... Nous reproduisons l'étiquette qu'il collait dans ses violons avec son mono-
gramme, et sa signature autographe.

Santo-Serafino florissaità Venise de 1730 à 1745.

Joseph Guarnerius, dit del Jesu parce que ses violons, basses ou violoncelles por-
tent ordinairement cette marque 1HS, et qui naquit à Crémone le 3 juin 1683, est
célèbre par la variété de formes de ses produits et par l'originalité de son génie. On
distingue également quatre manières dans son talent.

Il mourut, dit-on, en prison, en 1745. Nous ignorons quelle fut la cause précise de
ses malheurs: l'ivrognerie, disent les uns, une mauvaise femme, disent les autres,
peut-être toutes les deux à la fois, bien qu'une seule suffise. Quoi qu'il en soit, la fille
de son geôlier, éprise de son génie, lui apportait, en cachette, du bois, du vernis, quel-
ques misérables outils, et le grand artiste trompait par son travail l'ennui mortel de la

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