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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 6
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Lagrange, Léon: L' atelier d'Overbeck
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0325

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322 (i VZEÏÏE DES BEAI \- \I1TS.

yeux brillants l'animent, et le sang qui circule sous la peau la sillonne
de veines noirâtres.

Les nombreux dessins exposés sur des chevalets, les uns à moitié ter-
minés, les autres ébauchés à peine , témoignent assez que rien n'est mort
cliez cet homme à l'aspect ascétique, ni la pensée profonde et rêveuse de
l'Allemand, ni le sentiment suave et élevé du catholique, ni la main de
l'artiste , main ferme et délicate à la fois, qui trace sans trembler le trait
le plus délié. La gravure a répandu partout ses compositions d'après le
Nouveau Testament. Un portefeuille ouvert, qui sollicite l'attention, ren-
ferme cette suite d'estampes. La forme y est rendue d'une manière pleine
et ronde. La draperie, toujours disposée avec noblesse, se brise parfois
en plis anguleux et trahit un parti pris qui ne se rattache ni à la tradition
antique, ni à celle de la Renaissance italienne. Il semble que l'artiste, ne
trouvant pas dans la nature les modèles dont il avait besoin, quand il lui
a fallu revêtir d'un costume convenu, des personnages d'un siècle déjà
bien loin de nous, se soit souvenu des œuvres de la gothique Allemagne,
ou qu'il ait été réduit à s'inspirer des stériles indications du mannequin.
Mais la noblesse et la douceur des têtes rachètent largement ce que les
détails laissent à désirer. Or, le caractère des têtes, chez les peintres
idéalistes, résume le caractère général de leur talent. Pour bien com-
prendre celui d'Overbeck, il est important de se rendre compte delà
marche qu'il a suivie dans sa réforme.

Overbeck était protestant lorsqu'il vint à Rome. Là, épris des beautés
de l'art italien, frappé de l'esprit de foi qui anime les œuvres des pein-
tres antérieurs à Raphaël et les premières œuvres de Raphaël lui-même,
il sentit son rigorisme s'attendrir. Sa foi se purifia, s'éleva, s'agrandit;
il se convertit au catholicisme, et voua sa main à l'art religieux. Une fois
la doctrine catholique bien assise dans son esprit et dans son cœur, son
esprit et son cœur trouvèrent naturellement la forme la plus propre à la
traduire dans ses ouvrages. Les sujets de la religion catholique ont été
traités par les peintres de tous les temps. Chacun les a revêtus de la
forme le plus en rapport avec sa pensée individuelle. Austère et barbare
sous le pinceau grossier des peintres byzantins, la forme religieuse reçoit
delà main de Giotto l'expression, le mouvement et la vie, sans rien perdre
de sa grandeur. Fra Angelico l'empreint d'une grâce aimable et chaste.
Le Pérugin la remet plus ferme, plus précise et plus pure aux mains de
Raphaël, qui y ajoute toutes les perfections de la beauté antique et l'élève
tout d'un coup au plus haut degré de puissance, de majesté, de sérénité
sublime qu'elle ait jamais atteint. Depuis, reléguée au second rang par
le mouvemenl de plus en plus personnel de la Renaissance, la forme reli-
 
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