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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 6
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Burty, Philippe: Un nielle non décrit
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0340

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GAZ ET TE DES BEAUX - ARTS. 337

qui peuvent imprimer sur leur délicat épiderme des cicatrices irrépa-
rables, et surtout (faut-il l'avouer ?) le métal précieux qui leur servait de
soutien, ont contribué aies faire jeter au creuset de l'orfèvre. Tel a été
du reste, au xvne siècle même, le sort de la plupart des merveilleux
émaux de Petitot.

Benvenuto Gellini nous a décrit dans son Traité d'orfèvrerie, les pro-
cédés employés au commencement du xvic siècle pour faire le nielle, et
qui, sauf quelques points de détails insignifiants, ne diffèrent point de
ceux des orfèvres florentins.

On faisait fondre au feu du fourneau une partie d'argent très-fin, deux
parties de cuivre et trois parties de plomb bien purifiés; on versait, en
l'agitant, le mélange dans une fiole de verre contenant du soufre noirci
par une sorte de cuisson préalable, et l'on obtenait après le refroidis-
sement une matière pulvérulente noire, qui était le nielle ( du latin ni-
gellum), et que Ton achevait de diviser en l'écrasant avec soin au marteau.
On l'étendait, à l'aide d'une spatule, en le saupoudrant de borax, sur la
planche d'argent ou d'or dans laquelle on avait gravé au burin le sujet
que l'on voulait nieller. La chaleur d'un feu doux, en fondant le mélange,
le faisait pénétrer également dans les tailles les plus délicates, et le refroi-
dissement le faisait adhérer au métal par un contact indissoluble. On limait
alors la surface avec une lime douce, jusqu'à ce qu'on aperçût la gravure ;
on achevait de mettre à nu, avec le brunissoir, les parties réservées du
métal, et l'on donnait enfin le dernier poli en frottant longuement et pa-
tiemment la surface avec un roseau aminci du côté de la moelle. On
obtenait donc ainsi une véritable gravure d'or ou d'argent. Les lumières
étaient rendues par les parties dénudées et polies du métal, et les ombres
fortement accusées par l'émail qui remplissait les tailles du burin.

En l/j.52, Thomaso Finiguerra, qui dans sa jeunesse avait travaillé
sous Ghiberti, sans doute comme ciseleur, aux portes du fameux baptis-
tère, reçut de l'église Saint-Jean de Florence, pour 66 florins d'or (envi-
ron 2200 francs de notre monnaie), la commande d'une Paix. C'est une
sorte de petite plaque cintrée que, dans les grandes fêtes, l'officiant donne
à baiser, pendant que l'on chante YAgnus Dei, en prononçant les paroles
sacramentelles Pax tecum. Qn retrouve fréquemment clans la description
des trésors des églises du moyen âge, la mention de ces objets, sur
lesquels était ordinairement gravé un des grands mystères de la religion
catholique. Cette Paix devait représenter le couronnement cle la Vierge.
Avant de recouvrir de nielle la plaque d'or qu'il venait d'achever cle graver,
Finiguerra, pour juger, par analogie, de l'effet de son travail lorsque les
tailles seraient remplies par l'émail noir, eut l'idée naturelle de l'en-

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