Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Saglio, Edmond: Le sculpteur Hubac
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0349

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
346 GAZETTE DES BEAI \- \l!TS.

encore auprès de lui doux ans plus tard , sur la frégate la Sibylle, lorsque
ce bâtiment soutint, le 17 juin 1794, un combat meurtrier contre le
vaisseau anglais le Rodney. Il eut la douleur de voir périr son père coupé
en deux par un boulet; et lui-même, fait prisonnier, à la suite de ce combat,
au Micony, et emmené en Angleterre, il passa sur les pontons plusieurs
années de dure captivité. Il parvint enfin à s'échapper et à revenir en
France, où il goûta quelques mois de repos; à cette époque, il s'essaya
assez heureusement à la peinture. Mais la paix n'était jamais alors de
longue durée ; bientôt embarqué de nouveau sur le vaisseau-amiral l'Orient,
comme aspirant de marine et élève de pavillon de l'amiral Brueys, il était
dans ce poste de confiance à la terrible bataille d'Aboutir. La conduite
qu'il y tint lui fait trop d'honneur pour ne pas être racontée.

Pendant le combat, un brûlot ayant été dirigé par l'ennemi contre le
vaisseau-amiral, un canot fut mis à la mer. Hubac y descendit avec un
autre aspirant et quelques matelots. Grâce à leur intrépide sang-froid,
l'incendie fut détourné des flancs du vaisseau ; mais, au moment où les
deux jeunes aspirants remontaient à bord à l'aide d'une échelle de corde,
un boulet broya le corps du camarade de Hubac, qui fut couvert de ses
débris sanglants. Au même instant un horrible craquement se fait entendre
au-dessus de sa tête : c'est le feu qui a pris à la soute aux poudres. Le
vaisseau éclate. Plus heureux que les malheureux compagnons qu'il y a
laissés, Hubac, en se plongeant dans la mer, échappe à une mort cer-
taine. Atteint pourtant et gravement blessé, il parvient à gagner pénible-
ment à la nage, au milieu des débris du vaisseau et des restes humains
qui pleuvent sur lui de toutes parts, un bâtiment voisin, dans lequel il est
recueilli au moment où ses forces l'abandonnent et où il peut à peine se
soutenir au-dessus de l'eau.

Ainsi miraculeusement sauvé, Hubac contracta toutefois dans ces
rudes épreuves le germe de la maladie contre laquelle il eut à lutter toute
sa vie, et qui finit par l'emporter prématurément. Après une dernière
campagne, forcé de renoncer à la carrière qui s'ouvrait pour lui pleine
d'honneur, il résolut de se livrer entièrement au penchant qu'il avait
montré pour les beaux-arts, dès ses plus jeunes années, et qui mainte-
nant l'entraînait surtout vers la sculpture. Il entra comme élève dans les
ateliers du port de Toulon, et bientôt s'y fit remarquer par la correction
de son dessin autant que par la facilité et l'adresse de son exécution. A la
demande de l'ingénieur en chef de la marine, il fut envoyé à l'école de
sculpture de Paris. Après quelques mois d'études, il était « nommé le
premier élève de l'école, même avant les dessinateurs » ; tels sont les
termes d'un certificat signé au Palais des Arts, le 18 fructidor an xin,
 
Annotationen