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MONOGRAPHIE
DE L'ANCIENNE ABBAYE ROYALE
SAINT - YVED DE BRA1NE
P A P.
M. 'STANISLAS PRIOUX
On se plaint, non sans raison, de ce que nos églises sont nues, de ce
qu'elles présentent, la plupart, l'aspect de la misère et du délabrement,
et chacun de courir en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en
Angleterre, pour aller voir des monuments religieux, entretenus avec
soin, dans lesquels les protestants eux - mêmes ont su conserver les
meubles, les tableaux, une quantité d'objets d'art qui excitent notre
admiration ou tout au moins notre curiosité. Nous sommes certes un
grand peuple, ayant eu toujours le sentiment des arts, bien doué pour les
cultiver, mais nous sommes aussi de grands destructeurs; oserai-je dire
que pour une partie des Français (j'admets que cette fraction est aujour-
d'hui minime) la seule manière de jouir des œuvres d'art, c'est de les
détruire. Il faut croire qu'il y a un grand plaisir à écorner une moulure, à
casser le nez d'une statue, à jeter une pierre sur un bas-relief ou dans un
vitrail ; il faut croire aussi que ce plaisir est compris, puisque dans nos
petites villes et même dans quelques chefs-lieux, nous voyons les enfants à
la sortie de l'école, c'est-à-dire deux fois par jour, guigner régulièrement
les sculptures de nos édifices à coups de pierre, à l'ombre de la tolérance
des habitants, sinon avec leur approbation. Quelquefois, rempli d'une indi-
gnation d'artiste, j'ai eu la faiblesse de me plaindre de ces coutumes
écolières,aux autorités locales; je dois à la vérité de dire qu'on m'écoutait,
mais que le lendemain et les jours suivants la grêle de pierres tombait
aussi drue, a Que voulez-vous, me répondaient les représentants de la
MONOGRAPHIE
DE L'ANCIENNE ABBAYE ROYALE
SAINT - YVED DE BRA1NE
P A P.
M. 'STANISLAS PRIOUX
On se plaint, non sans raison, de ce que nos églises sont nues, de ce
qu'elles présentent, la plupart, l'aspect de la misère et du délabrement,
et chacun de courir en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en
Angleterre, pour aller voir des monuments religieux, entretenus avec
soin, dans lesquels les protestants eux - mêmes ont su conserver les
meubles, les tableaux, une quantité d'objets d'art qui excitent notre
admiration ou tout au moins notre curiosité. Nous sommes certes un
grand peuple, ayant eu toujours le sentiment des arts, bien doué pour les
cultiver, mais nous sommes aussi de grands destructeurs; oserai-je dire
que pour une partie des Français (j'admets que cette fraction est aujour-
d'hui minime) la seule manière de jouir des œuvres d'art, c'est de les
détruire. Il faut croire qu'il y a un grand plaisir à écorner une moulure, à
casser le nez d'une statue, à jeter une pierre sur un bas-relief ou dans un
vitrail ; il faut croire aussi que ce plaisir est compris, puisque dans nos
petites villes et même dans quelques chefs-lieux, nous voyons les enfants à
la sortie de l'école, c'est-à-dire deux fois par jour, guigner régulièrement
les sculptures de nos édifices à coups de pierre, à l'ombre de la tolérance
des habitants, sinon avec leur approbation. Quelquefois, rempli d'une indi-
gnation d'artiste, j'ai eu la faiblesse de me plaindre de ces coutumes
écolières,aux autorités locales; je dois à la vérité de dire qu'on m'écoutait,
mais que le lendemain et les jours suivants la grêle de pierres tombait
aussi drue, a Que voulez-vous, me répondaient les représentants de la