H IL A IRE LE DRU
DÉTAILS BIOGRAPHIQUES SUR CE DESSINATEUR
Tandis que l'Italie, l'Allemagne, la Belgique et l'Angleterre n'ont point
eu de peintres, de dessinateurs de quelque talent, qui n'aient trouvé
leurs historiens, dans notre France les nombreuses biographies, pu-
bliées ou réimprimées chaque jour à Paris, sont muettes sur beaucoup
d'artistes, dont les noms et les œuvres ne méritent pas cet oubli. De
ce nombre est Hilaire Ledru. La Gazelle des Beaux-Arts veut réparer
aujourd'hui cet injuste silence, en donnant à ses lecteurs un curieux
dessin qui représente Mlle Mézières, comédienne du roi de France, et
quelques détails biographiques sur l'artiste qui a tracé les traits et le
costume si original de cette actrice, sur le papier.
Hilaire Ledru était né en 1769, à Opi, village situé entre Arras et
Douai. Il avait pour père un pauvre charpentier, qui trouvait à peine
dans son travail de quoi faire subsister sa famille. Aussi Hilaire passa-
t-il une partie de son enfance à garder les troupeaux de ses voisins. —
Cette occupation, qui allait à son caractère mélancolique et méditatif,
était loin de lui déplaire. Souvent dans un âge avancé, au milieu du
bruit et de la civilisation des grandes villes, on l'a entendu regretter
l'époque de sa vie où il n'était qu'un simple pasteur. Seul, il apprit à
lire, à écrire et à dessiner, en traçant sur le sable avec une baguette, les
mots, les objets qui s'offraient à sa vue ou à sa pensée. Armée d'un mor-
ceau de charbon, sa main couvrait des portraits de sa famille les mu-
railles blanchies à la chaux de la maison paternelle, et ces dessins gros-
siers étaient cependant d'une telle vérité, qu'ils faisaient l'admiration de
tous ceux qui les voyaient.
M. Delahaye de Grécourt, seigneur d'Opi, eut l'occasion de jeter
les yeux sur les essais d'Hilaire Ledru, et fut frappé de ses dispositions.
A ses frais, il le plaça à l'école de dessin de Douai, où ses progrès devin-
rent si rapides, qu'il fut sur-le-champ reconnu pour l'élève le plus fort
DÉTAILS BIOGRAPHIQUES SUR CE DESSINATEUR
Tandis que l'Italie, l'Allemagne, la Belgique et l'Angleterre n'ont point
eu de peintres, de dessinateurs de quelque talent, qui n'aient trouvé
leurs historiens, dans notre France les nombreuses biographies, pu-
bliées ou réimprimées chaque jour à Paris, sont muettes sur beaucoup
d'artistes, dont les noms et les œuvres ne méritent pas cet oubli. De
ce nombre est Hilaire Ledru. La Gazelle des Beaux-Arts veut réparer
aujourd'hui cet injuste silence, en donnant à ses lecteurs un curieux
dessin qui représente Mlle Mézières, comédienne du roi de France, et
quelques détails biographiques sur l'artiste qui a tracé les traits et le
costume si original de cette actrice, sur le papier.
Hilaire Ledru était né en 1769, à Opi, village situé entre Arras et
Douai. Il avait pour père un pauvre charpentier, qui trouvait à peine
dans son travail de quoi faire subsister sa famille. Aussi Hilaire passa-
t-il une partie de son enfance à garder les troupeaux de ses voisins. —
Cette occupation, qui allait à son caractère mélancolique et méditatif,
était loin de lui déplaire. Souvent dans un âge avancé, au milieu du
bruit et de la civilisation des grandes villes, on l'a entendu regretter
l'époque de sa vie où il n'était qu'un simple pasteur. Seul, il apprit à
lire, à écrire et à dessiner, en traçant sur le sable avec une baguette, les
mots, les objets qui s'offraient à sa vue ou à sa pensée. Armée d'un mor-
ceau de charbon, sa main couvrait des portraits de sa famille les mu-
railles blanchies à la chaux de la maison paternelle, et ces dessins gros-
siers étaient cependant d'une telle vérité, qu'ils faisaient l'admiration de
tous ceux qui les voyaient.
M. Delahaye de Grécourt, seigneur d'Opi, eut l'occasion de jeter
les yeux sur les essais d'Hilaire Ledru, et fut frappé de ses dispositions.
A ses frais, il le plaça à l'école de dessin de Douai, où ses progrès devin-
rent si rapides, qu'il fut sur-le-champ reconnu pour l'élève le plus fort