(i VZETTE DES BEAUX-ARTS. 200
fait partie de la galerie du Régent à Paris, est passé à Londres dans le
cabinet du due de Sutherland, présente en effet un fond de paysage de la
plus grande richesse et exécuté d'une façon très-remarquable.
Yiccolo deir Abbate avait acquis une grande réputation due à ses tra-
vaux. Sa position de fortune devait être excellente. Il habitait ordinaire-
ment Fontainebleau, ainsi que le prouve le registre de l'église d'Avon,
sur lequel il figure plusieurs fois comme parrain. Nous avons vu, cepen-
dant, par ce qui précède, que son talent ne fut pas exclusivement consa-
cré à la cour, et qu'il travailla souvent pour des particuliers dans Paris et
en province. Lors de l'entrée solennelle du roi Charles IX et de la reine
Elisabeth d'Autriche, sa femme, les 5 et 23 mars 1571, la ville de Paris
s'adressa à lui comme à un artiste éprouvé, et le chargea de tous les
travaux de peinture, en môme temps qu'elle demandait à Germain Pilon
les sculptures qui devaient figurer dans les brillantes décorations qu'elle
faisait élever sur les pas des deux augustes personnages.
La Revue Archéologique (ve année, 2e partie) a publié un extrait des
comptes authentiques concernant ces deux entrées. Notre artiste s'y
engage, moyennant une somme de onze cents livres tournois, à exécuter
(t tous et chacuns les ouvrages de paincture » faisant partie des arcs de
triomphe élevés à la porte Saint-Denis, à la fontaine du Ponceau, à la porte
aux Peintres, à la fontaine des Innocents et au pont Notre-Dame.
Pour la seconde journée de cette grande fête, avec l'aide de son fils
Giulio Gamillo, il avait peint, moyennant un salaire de 700 livres tournois,
dans la grande salle de l'évêché, seize grands tableaux d'histoire et
figures poétiques, suivant les inventions des poètes Ronsard et Daurat.
Le marché est du 8 janvier 1571.
Ces décorations eurent un grand succès, ainsi que le constate l'un des
principaux ordonnateurs de la fête qui en a décrit longuement toutes les
particularités... « à quoy sa majesté et ceulx de sa suitte s'arrestèrent
« longuement, car oultre la beaulté du suject de cette histoire, qui fut
« trouvée bien à propos; ces tableaux avoient été faicts par le premier
« peintre de l'Europe. »
Il est probable que Niccolo mourut dans cette même année 1571. Le
Forciroli, cité par Tiraboschi, l'affirme et ajoute que cette mort eut lieu à
Fontainebleau. Rien ne contredit son assertion, qui n'est d'ailleurs pas
autrement prouvée. Mais il est bien certain que l'artiste vit au moins les
premiers mois de 1571, et c'est par erreur qu'on l'a fait mourir en 1570.
( /.</ suite prochainement.
FRÉDÉRIC RE I SET.
fait partie de la galerie du Régent à Paris, est passé à Londres dans le
cabinet du due de Sutherland, présente en effet un fond de paysage de la
plus grande richesse et exécuté d'une façon très-remarquable.
Yiccolo deir Abbate avait acquis une grande réputation due à ses tra-
vaux. Sa position de fortune devait être excellente. Il habitait ordinaire-
ment Fontainebleau, ainsi que le prouve le registre de l'église d'Avon,
sur lequel il figure plusieurs fois comme parrain. Nous avons vu, cepen-
dant, par ce qui précède, que son talent ne fut pas exclusivement consa-
cré à la cour, et qu'il travailla souvent pour des particuliers dans Paris et
en province. Lors de l'entrée solennelle du roi Charles IX et de la reine
Elisabeth d'Autriche, sa femme, les 5 et 23 mars 1571, la ville de Paris
s'adressa à lui comme à un artiste éprouvé, et le chargea de tous les
travaux de peinture, en môme temps qu'elle demandait à Germain Pilon
les sculptures qui devaient figurer dans les brillantes décorations qu'elle
faisait élever sur les pas des deux augustes personnages.
La Revue Archéologique (ve année, 2e partie) a publié un extrait des
comptes authentiques concernant ces deux entrées. Notre artiste s'y
engage, moyennant une somme de onze cents livres tournois, à exécuter
(t tous et chacuns les ouvrages de paincture » faisant partie des arcs de
triomphe élevés à la porte Saint-Denis, à la fontaine du Ponceau, à la porte
aux Peintres, à la fontaine des Innocents et au pont Notre-Dame.
Pour la seconde journée de cette grande fête, avec l'aide de son fils
Giulio Gamillo, il avait peint, moyennant un salaire de 700 livres tournois,
dans la grande salle de l'évêché, seize grands tableaux d'histoire et
figures poétiques, suivant les inventions des poètes Ronsard et Daurat.
Le marché est du 8 janvier 1571.
Ces décorations eurent un grand succès, ainsi que le constate l'un des
principaux ordonnateurs de la fête qui en a décrit longuement toutes les
particularités... « à quoy sa majesté et ceulx de sa suitte s'arrestèrent
« longuement, car oultre la beaulté du suject de cette histoire, qui fut
« trouvée bien à propos; ces tableaux avoient été faicts par le premier
« peintre de l'Europe. »
Il est probable que Niccolo mourut dans cette même année 1571. Le
Forciroli, cité par Tiraboschi, l'affirme et ajoute que cette mort eut lieu à
Fontainebleau. Rien ne contredit son assertion, qui n'est d'ailleurs pas
autrement prouvée. Mais il est bien certain que l'artiste vit au moins les
premiers mois de 1571, et c'est par erreur qu'on l'a fait mourir en 1570.
( /.</ suite prochainement.
FRÉDÉRIC RE I SET.