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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3.1859

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Nr. 4
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La Fizelier̀e, Albert de: L' art et les femmes en France, [2]: Madame de Pompadour
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https://doi.org/10.11588/diglit.16988#0216

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

211

ne veux pas en inférer que Mme de Pompadour ait jamais atteint les visées
d'un Costne de Médicisou d'un Léon X— il y a même beaucoup à décompter
de la valeur morale de son goût, — cependant il serait injuste de ne pas
lui savoir gré d'une continuité d'elîbrts qui, après tout, a suscité, entre-
tenu et consacré une école. Ce n'est pas d'ailleurs dans un moment où
l'art ne tente pas même de s'affirmer par une manifestation appropriée
à l'état des idées en France, que la critique serait bien venue à faire trop
bon marché d'une école qui a du moins eu l'avantage d'être : cela ne
suffit-il pas pour lui assurer l'intérêt de l'histoire?

Avant d'entrer dans le détail des rapports établis entre Mme de Pom-
padour et les artistes qu'elle encouragea, il me paraît utile de dire
quelques mots de son caractère ; ils suffiront pour faire apprécier aux
lecteurs la tournure et les nuances de ses goûts, devenus si facilement la
règle de la poétique à la mode et les guides de l'art.

Mme de Pompadour avait beaucoup d'esprit, encore plus d'habileté,
du goût, quelque générosité, mais tout juste assez de cœur pour éprouver
parfois des défaillances que sa raison et une grande expérience de la
vie lui faisaient toujours vaincre avant qu'elles fussent devenues dange-
reuses pour sa puissance

Sa digne mère lui avait appris dès l'enfance à considérer la tromperie
habile et triomphante comme l'apogée de la vertu, et la tromperie mala-
droite comme le dernier degré du vice ; aussi professait-elle le culte de
la réussite. Être belle, à ses yeux, était déjà presque une vertu, mais
elle avait assez de bon sens pour être persuadée que les agréments
du visage sont trop fragiles pour ne pas exiger impérieusement d'être
soutenus par ceux de l'esprit, « Nous apportons au monde un joli visage,
disait-elle, et voilà qu'il se ride en moins de trente ans, après quoi une
femme n'est plus bonne à rien. » Aussi s'était-elle étudiée à donner à son
esprit une souplesse qui allait jusqu'au miracle.

1. Mme deMailly lui fut toujours très-supérieure par les qualités du cœur. Lorsqu'elle
mourut, un poëte, interprète des sentiments publics, fit pour elle cette honorable
épitaphe :

Détester l'injustice, aujourd'hui si commune,
Avec les malheureux partager sa fortune,
Marquer tous ses instants par de pieux dehors,
Aller aux hôpitaux ensevelir les morts,
Joindre mille vertus à ce fervent office ;
Loin du monde, à Dieu seul s'offrir en sacrifice,
Lui consacrer ses jours, saintement les finir;
Ici gît cet objet d'éternel souvenir.

On sait quelle fut l'oraison funèbre do M""' de Pompadour.
 
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