Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3.1859

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Galichon, Émile: Martin Schöngauer, [2]: peintre et graveur du XVe siècle
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16988#0327

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
322 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Les peintures que l'on peut voir dans les grands musées de l'Europe,
sous le nom de Schôngauer, diffèrent beaucoup entre elles, et ne présen-
tent point ces caractères frappants de style qui ne laissent place à aucune
contestation. Trop souvent ces attributions ne sont fondées que sur la
présence de quelques-unes des figures que nous avons signalées, aux
types étranges, couvertes de turbans, se détachant sur un fond d'or; il
n'en a pas fallu davantage aux conservateurs de galeries, jaloux de pos-
séder un tableau du beau Martin. Mais si on veut retrouver les tableaux
aujourd'hui perdus de ce grand maître, il faut que la critique soit moins
accommodante ; il faut qu'elle fasse, clans ses recherches, une part moins
grande que par le passé à l'archéologie qui l'a égarée, et qu'elle tienne
plus de compte du sentiment véritable de l'art. Nul doute, par exemple,
que Martin Schôngauer ait peint, sur fond d'or, des compositions reli-
gieuses, lorsque la tranquillité et la sainteté du sujet le lui permettaient,
ou plutôt le lui commandaient. Mais pourquoi vouloir que cet artiste,
d'un esprit fin et distingué, que ce peintre par excellence du mouve-
ment, se soit condamné à toujours enfermer dans l'immobilité des fonds
d'or ses compositions pleines cle vie, et que niant ainsi les règles d un
art plus développé, il se soit fait le champion d'un système déjà suranné
de son temps, et qni n'était plus suivi que par les artisans qui se faisaient
une industrie de peindre pour les églises, et qui prolongèrent une cou-
tume archaïque, jusque vers le xvne siècle.

Mais revenons aux œuvres de Schôngauer et commençons par déter-
miner celles qui, selon nous, peuvent lui être attribuées avec quelque
certitude. Nous devons nommer, en première ligne, ces tableaux de
Golmar, que les peintres, au dire de Wimpheling, s'empressaient d'aller
copier et étudier clans cette ville. Le plus important et le seul qui soit hors
de toute contestation, est celui que l'on conserve dans la sacristie de
l'église Saint-Martin; la Vierge, cle grandeur naturelle, est représentée
assise sur un banc de gazon que maintiennent des planches. Elle porte
l'enfant Jésus dont les bras entourent son cou. Frappée d'un douloureux
pressentiment, elle se dérobe à ces caresses et détourne ses regards pleins
de tristesse. Au-dessus, s'enlevant sur un fond d'or, deux anges, dont
le visage respire cette sérénité qu'aucun peintre mieux que Schôngauer
n'a excellé à rendre, portent une couronne. La Vierge s'appuie contre
un treillage, sur lequel se reposent des oiseaux, et autour duquel s'en-
roulent des plantes chargées de fleurs.

Le contour des figures est tracé avec fermeté, la couleur est d'un ton
puissant; la peinture, très-line, est sèche et lisse, et ne permet de distin-
guer aucune touche. Jamais pinceau plus délicat ne rendit avec un soin
 
Annotationen