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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0067

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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son Musée, et pour son école de dessin une série de gravures d'étude et de plâtres
d'après l'antique. Ces objets avaient appartenu à M. Poitevin, longtemps architecte de
la ville et du départeoient, et dont la mort a laissé de vifs regrets à tous ceux qui l'ont
connu, et comme artiste et comme ami. Sa veuve, artiste aussi dans sa jeunesse,
peintre et graveur, élève de Regnault comme son mari, qui avait étudié la peinture sous
ce maître et l'architecture sous M. Percier, artiste encore aujourd'hui par le cœur, l'in-
telligence et l'amour de l'art, madame Poitevin conservant un pieux respect pour tout
ce que son mari avait aimé et consulté toute sa vie, n'a pas voulu que tous ces compa-
gnons de ses études et de ses travaux fussent traînés dans la salle de vente, et profanés
par l'encan; elle les a donnés à la ville, et tous ces ustensiles d'atelier que la ville ne
pouvait accepter, elle les a fait distribuer aux jeunes gens qui étudient et se des-
tinent à la carrière des beaux-arts.

Les trois tableaux ne sont pas pour notre Musée une acquisition destinée à en
rehausser merveilleusement l'éclat; ils sont de peu d'importance. L'un est attribué à
Van-Dyck, et représente la Discorde allumant la guerre, peinture usée et d'attribution
douteuse. Le second représente le Premier âge, il est de M. Poitevin, qui s'est repose
de ses travaux d'architecture en se livrant à la peinture, qu'il avait aimée et sérieuse-
ment étudiée dans sajeunesse. Le troisième a un intérêt tout bordelais en sus de sa
valeur artistique. Il est de M. Alaux, le Romain, ex-directeur de l'École de Rome, et
aujourd'hui membre de l'Institut et professeur à l'École des Beaux-Arts, à Paris. Cette
toile, de petite dimension, n'est qu'une tête représentant une Jeune Druidesse, le front
ceint d'une couronne de gui de chêne. Cette étude, pleine d'expression et de finesse,
fut peinte à Bordeaux en 1833, et le modèle qui posait pour le peintre était aussi une
jeune fille de Bordeaux, nièce du peintre, peintre elle-même, et dont le gracieux talent
a laissé des œuvres d'une délicieuse finesse, peu connues hors de nos murs, parce que
aucun de ceux qui les possèdent n'a eu encore la pensée de s'en défaire, et de laisser
les œuvres aller répandre le nom de leur auteur.

Cette étude de M. Alaux est la seule chose de ce maître que le hasard ait fait entrer
dans notre Musée. M. Alaux est de Bordeaux, comme l'étaient Gassies et Julien Gué,
comme le sont Dauzats, Brascassat, Rosa Bonheur, etc., tous absents de nos galeries.
Mais notre pays n'a pas encore suffisamment secoué son sommeil pour se souvenir
qu'il a des enfants dont les noms sont très-recherchés ailleurs et feraient honneur au
Musée qui les accueillerait et à ceux qui leur y donneraient le droit d'entrée.

Quant à la Société des Amis des Arts, elle a présenté, ces jours derniers, aux
actionnaires réunis le Compte rendu de sa huitième exposition. Ce rapport, qui aurait dû
suivre immédiatement la clôture de l'exposition, n'a pas été fait plus tôt avec intention.
A la fin du mois de mai, tous les sociétaires se dispersent. C'est la saison des émigra-
tions plus ou moins lointaines, et leur présence était nécessaire, et pour écouter le
récit des actes de la Société, et pour la nomination qui se fait chaque année, à la suite,
de trois membres sortant de la commission. Cette année, comme les précédentes, la
réunion des actionnaires a témoigné sa reconnaissance pour le zèle et l'activité des
honorables membres qui dirigent la Société, en renommant à l'unanimité ceux dont le
temps était expiré. Ces Messieurs, et nous les en remercions, ont bien voulu se dévouer
encore, et continuer à faire prospérer une institution qui ne marche pas seule et sans
de grands efforts. Les idées d'art sont encore chez nous des idées neuves pour la plu-
part. Il y a peu d'années, quelques esprits d'élite avaient seuls le privilège de s'en
préoccuper. Aujourd'hui elles commencent à faire leur chemin, elles s'infiltrent dans
 
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