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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 3
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Busquet, Alfred: Les dessins et les eaux-fortes du Roi Don Fernando
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0163

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

155

expose plus tard la destinée. Le roi Don Fernando parle sept langues : il
est excellent musicien, comme tous ses compatriotes ; il a même une voix
agréable de ténor qui lui permet de faire sa partie , quand l'occasion s'en
présente et que le hasard de leur vagabonde existence amène les grandes
cantatrices à Lisbonne. Il est aussi sculpteur : nous connaissons de lui
une statue équestre du maréchal de Rantzau, où se rencontrent des qua-
lités estimables; enfin, il a peint les panneaux de la chambre à coucher
de la reine. On le voit, c'est toute une éducation allemande et des plus
soignées. Aussi le roi est-il un phénomène dans le Portugal. Non pas que
cette race lusitanienne, si fine et si intelligente, soit abâtardie par l'igno-
rance, mais elle a perdu le sentiment des arts pour s'être abandonnée
aux voluptés faciles, et c'est là sa punition. Seul, le roi aime, non pour
leur prix, mais pour le plaisir qu'elles apportent à leur possesseur, ces
curiosités de l'art qui sont la joie et le repos de l'esprit. Son cabinet est
un des plus beaux du monde. Il y a amassé tout ce qui avait échappé aux
rapines des marchands anglais, à l'avidité des brocanteurs, à l'ignorance
des propriétaires, aux dédains de tous. Son appartement est le seul mu-
sée du royaume. Tout ce qu'il peut enlever à des besoins nombreux, il le
consacre à augmenter ses collections. Il n'est pas riche et devrait l'être,
tant il sait faire bien avec peu. C'est le protecteur nécessaire des rares
artistes indigènes ou des artistes étrangers qui passent. Ses occupations
sont purement artistiques. Il a entrepris, dans la Sierra de Cintra, la re-
construction du château moresque de la Pena, et il en fait une merveille.
Le roi, son fils, ne pourrait trouver un meilleur intendant des beaux-arts,
si personne songeait aux arts en Portugal!

On nous croira sans peine quand nous dirons qu'il est impossible de
voir Don Fernando, sans ressentir pour sa personne une vive sympathie. Il
est grand, d'une maigreur distinguée; il a des cheveux noirs, et il porte
toute sa barbe. Ses yeux sont expressifs et doux, sa tournure est indolente,
son parler traînant et monotone. Avec tout cela, un air de bonhomie alle-
mande, et cette rondeur d'allures qui dénote, quand elle est naturelle, la
franchise, la spontanéité et la générosité des sentiments.

Mais laissons de côté la personne du roi, pour nous occuper de ses
œuvres, car c'est comme graveur que le roi Don Fernando nous appartient.

Les fac-similé que nous publions nous mettront à l'aise vis-à-vis du
lecteur, car c'est en même temps qu'un spécimen, le résumé du talent de
l'artiste, et, si je puis ainsi parler, la moyenne de son esprit.

Vous avez reconnu tout d'abord le sujet de la planche ici gravée.
C'est le chat Murr écrivant ses Mémoires, ou plutôt, comme il l'a dit lui-
même, son Essai de Biographie (tout n'est-il pas à l'état d'essai dans la
 
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