GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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la dîme, et .sa figure béate s'illumine d'un éclair de béatitude ter-
restre.
Dans la seconde partie, je retrouve le bon évêque assis dans son
cabinet et initiant deux jeunes enfants aux mystères du gérondif ou de
l'aoriste. L'intérieur est calme et modeste, bien que de bon goût. La table
est assez large pour qu'on y empile les dictionnaires; les deux enfants
sont jolis et écoutent bien. Au mur est suspendu un portrait équestre
de Frédéric II. Un chien assis sur son derrière prend sa part de cette
leçon familière. Je ne sais pas pourquoi, mais il me semble que ce bon
évêque est de ma connaissance. Je l'ai certainement vu dans les romans
d'Auguste Lafontaine. Et quand ces deux enfants, si studieux et si sages,
seraient le roi de. Don Fernando et son frère le prince Léopold, qu'y
aurait-il là d'étonnant? L'interprétation est toute personnelle et manque
peut-être à la première condition de la vérité historique : tant pis pour
l'histoire.
Est-ce le même évêque que nous retrouvons un peu plus loin, accep-
tant les produits de la dîme avec la majesté et la sublime indifférence
qui conviennent à un ministre des autels? Nous le pensons : car c'est la
même figure béate et le même costume de saint homme fourré. Tels
nous aimons à nous représenter maître François Rabelais dans sa cure
de Meudon et le révérend Jonathan Swift dans son prieuré de Saint-
Patrick. Hélas, la collégiale de Saint-Patrick n'est plus qu'un affreux
colombier, et de la joyeuse robe du Docteur ès- rire, les pédants ont fait
une tunique de Nessus.
Tout passe, et chaque souvenir, comme un (lot de source pétrifiante,
dépose un peu de sa rouille sur le cœur de l'homme. Les retours à la
jeunesse heureuse et indépendante sont fréquents dans l'œuvre du roi.
De là plusieurs, dessins que nous ne comprenons pas toujours. Une planche
surtout, qui porte cette souscription : « Dédiée éi mon frère Léopold en.
souvenir d'un heureux temps passé, » — nous intrigue par son sens mys-
térieux. C'est quelque légende hongroise dont nous ignorons l'origine.
Un hussard pansu et rabougri galope dans les airs sur un cheval efflan-
qué. De la main droite il tient une sorte de hache à deux tranchants.
Au bord du fleuve un homme s'est endormi; son chien veille et hurle à
l'apparition. De l'autre côté du fleuve, le terrible hussard assiste à une
exécution militaire. Dans le ciel voltigent des ombres d'étudiants et de
soldats. On lit au-dessus, ces mots que nous croyons hongrois : Paparas
Flucht mis der Ihdbinsel nach Urigarn.
Le terrible cavalier de tout à l'heure, dans un petit sujet détaché,
après avoir pendu quelques malfaiteurs, se repose dans une forêt. Son
v, 21
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la dîme, et .sa figure béate s'illumine d'un éclair de béatitude ter-
restre.
Dans la seconde partie, je retrouve le bon évêque assis dans son
cabinet et initiant deux jeunes enfants aux mystères du gérondif ou de
l'aoriste. L'intérieur est calme et modeste, bien que de bon goût. La table
est assez large pour qu'on y empile les dictionnaires; les deux enfants
sont jolis et écoutent bien. Au mur est suspendu un portrait équestre
de Frédéric II. Un chien assis sur son derrière prend sa part de cette
leçon familière. Je ne sais pas pourquoi, mais il me semble que ce bon
évêque est de ma connaissance. Je l'ai certainement vu dans les romans
d'Auguste Lafontaine. Et quand ces deux enfants, si studieux et si sages,
seraient le roi de. Don Fernando et son frère le prince Léopold, qu'y
aurait-il là d'étonnant? L'interprétation est toute personnelle et manque
peut-être à la première condition de la vérité historique : tant pis pour
l'histoire.
Est-ce le même évêque que nous retrouvons un peu plus loin, accep-
tant les produits de la dîme avec la majesté et la sublime indifférence
qui conviennent à un ministre des autels? Nous le pensons : car c'est la
même figure béate et le même costume de saint homme fourré. Tels
nous aimons à nous représenter maître François Rabelais dans sa cure
de Meudon et le révérend Jonathan Swift dans son prieuré de Saint-
Patrick. Hélas, la collégiale de Saint-Patrick n'est plus qu'un affreux
colombier, et de la joyeuse robe du Docteur ès- rire, les pédants ont fait
une tunique de Nessus.
Tout passe, et chaque souvenir, comme un (lot de source pétrifiante,
dépose un peu de sa rouille sur le cœur de l'homme. Les retours à la
jeunesse heureuse et indépendante sont fréquents dans l'œuvre du roi.
De là plusieurs, dessins que nous ne comprenons pas toujours. Une planche
surtout, qui porte cette souscription : « Dédiée éi mon frère Léopold en.
souvenir d'un heureux temps passé, » — nous intrigue par son sens mys-
térieux. C'est quelque légende hongroise dont nous ignorons l'origine.
Un hussard pansu et rabougri galope dans les airs sur un cheval efflan-
qué. De la main droite il tient une sorte de hache à deux tranchants.
Au bord du fleuve un homme s'est endormi; son chien veille et hurle à
l'apparition. De l'autre côté du fleuve, le terrible hussard assiste à une
exécution militaire. Dans le ciel voltigent des ombres d'étudiants et de
soldats. On lit au-dessus, ces mots que nous croyons hongrois : Paparas
Flucht mis der Ihdbinsel nach Urigarn.
Le terrible cavalier de tout à l'heure, dans un petit sujet détaché,
après avoir pendu quelques malfaiteurs, se repose dans une forêt. Son
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