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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 3
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Galichon, Émile: De la création d'un nouveau musée
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0235

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DE LA

CRÉATION D'UN NOUVEAU MUSÉE

L'ouverture du Musée Napoléon III, faite au moment où Londres
accuse, dans son Exposition, les progrès incontestables du goût anglais,
le caractère archéologique et industriel des collections réunies au palais
des Champs-Elysées, l'aiïluence des visiteurs, les nombreuses demandes
de cartes de travail, l'assiduité des savants et des fabricants à profiter
des facilités qui leur étaient offertes, le nom même du souverain,
donné à l'ensemble de ces collections, avaient fait naître l'espoir d'une
institution nouvelle et puissante, capable de raffermir notre goût et de
maintenir à l'étranger la prééminence de nos produits. La nouvelle de la
clôture du Musée Napoléon III et de sa translation au Louvre a détruit
toutes ces espérances ; elle a éveillé bien des regrets parmi les personnes
qui portent intérêt aux sciences et à l'art dans ses manifestations secon-
daires. Ces espérances, ces regrets sont-ils suffisamment justifiés ? C'est
ce que nous voulons examiner, sans crainte de donner franchement notre
opinion, sûr que nous sommes d'être inspiré par le seul désir du bien.

La France a, plus que toute autre nation, la faculté de discerner les
beautés qui brillent dans un ouvrage et les défauts qui le déparent. Plus
que toute autre, elle sait s'assimiler les qualités reconnues et leur impri-
mer un caractère qui les fait siennes; mais le goût n'est point un don
absolument naturel, il dépend essentiellement de l'éducation, il se forme,
se développe et s'entretient par l'habitude. Éclairée de bonne heure par
les plus beaux modèles de l'antiquité et de la Renaissance que nos rois et
plus tard nos musées exposaient aux regards du peuple, la France a vu
cette faculté grandir chez elle, tandis qu'en Angleterre une aristocratie
puissante s'opposait à un développement semblable en enfermant, dans
des palais interdits au public, les chefs-d'œuvre du génie humain. Main-
tenant il n'en est plus ainsi : instruite par notre exemple, l'Angleterre
nous devance déjà; ses artisans, qui naguère ne pouvaient point s'inspi-
rer des grands modèles, pourront désormais non-seulement les entre-
voir, mais les étudier à loisir. La Galerie Nationale, créée d'hier, abrite
 
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