Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 15.1863

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Burty, Philippe: Salon de 1863, [4], La gravure et la lithographie
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17334#0155

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
SALON DE 1863.

U7

LA GRAVURE ET LA LITHOGRAPHIE

« Ceci tuera cela,» murmure un des personnages du poëte. La photo-
graphie tuera la gravure, pouvons-nous dire avec non moins de certitude.
Oui, le jour est proche où les graveurs au burin ne seront pas plus nom-
breux qu’ après le xve siècle ne le furent les scribes et les enlumineurs de
manuscrits. Niepce et Daguerre auront été, à leur façon, les Faust et les
Gutenberg des temps nouveaux. Leur invention, à la fois si merveilleuse
et si imparfaite, ne répond que trop bien aux besoins d’économie et de
rapidité de notre époque. Que la science, demain, donne à F héliogra-
phie le moyen de reproduire les tons, au moins dans leurs rapports d’in-
tensité lumineuse, et le dernier buriniste, quel que soit son génie, n’aura
plus qu’à briser son burin, jugé inutile et trompeur par une génération
affolée d’exactitude littérale.

Avons-nous besoin d’exprimer avec quelle anxiété nous sentons s’éclair-
cir les rangs des graveurs, avec quel regret nous verrions disparaître
l’art qu’ont illustré les Marc-Antoine, les Delaulne, les Bolswert, et, pour
ne pas aller plus loin, toute l’école française des xvne et xviii6 siècles? Il
faut un singulier courage aujourd’hui pour entamer d’une première taille
un cuivre qui ne sera couvert qu’après cinq ou six ans d’un labeur inces-
sant. Combien compte-t-on aujourd’hui de ces amateurs de burins qui,
ainsi que le raconte Wille dans ses Mémoires, à la seule annonce qu’un
artiste entreprenait une nouvelle œuvre, couraient se faire inscrire pour une
épreuve avant la dédicace? Jadis encore, sur des murs ou sur des pan-
neaux peints à la colle, la gravure encadrée pouvait rompre la monotonie
d’un ton plat; mais aujourd’hui, le papier peint, avec ses arabesques
triomphantes et ses couleurs joyeuses, ne fait-il pas cruellement ressortir
le peu d’effet décoratif de la gravure ? Quel éditeur, d’ailleurs, ose enga-
ger des fonds considérables et commander une planche importante, lors-
qu’il sait que, dès le lendemain de la mise en vente, l’épreuve dont il
doit demander cent francs sera placée devant l’objectif, et que, quelque
terne et sourde qu’en soit la reproduction, celle-ci pourra être livrée
pour un écu aux amateurs peu délicats ou aux industriels besoigneux?

Ce que nous disons en ce moment, tous ceux qui aiment sincèrement
 
Annotationen