ARTISTES CONTEMPORAINS.
HORACE VERNET
III.
’avènement de Louis-Philippe put être
regardé par Horace Vernet comme son
propre avènement. Non-seulement c’é-
tait son ancien Mécène qui montait sur
le trône, mais plus encore, c’étaient,
avec lui, les idées libérales représentées
par ces trois couleurs que l’artiste avait
portées jadis et qu’il aimait tant à pein-
dre. Écoutons-le lui-même pousser le cri de délivrance. Dans une lettre
écrite le 27 septembre 1830 à la comtesse de Montjoie, après lui avoir
recommandé un jeune homme, ex-employé de la duchesse de Berry,
il ajoute : « Permettez-moi, madame, de vous parler de ma joie en re-
plaçant sur ma tête la cocarde tricolore. Elle n’a fait, à bien dire, que
changer de place. Je la gardais toujours au fond de mon cœur. Pourtant
les jours de fête, tels que la Saint-Jemmapes et la Saint-Montreuil, j’en
laissais bien passer un bout. Mais aujourd’hui elle prend l’air à son aise.
Qu’elle est belle et brillante ! Que son auréole est pure ! Lorsque je regarde
ma palette, je n’y trouve plus de couleurs assez vives pour la peindre. »
Peindre le triomphe de la cocarde tricolore, tel fut dès ce moment le
rêve d’Horace Yernet. Il lui semblait tout simple qu’un tableau, digne
complément des quatre batailles, consacrât la grande victoire des jour-
nées de Juillet, et ce tableau, le prince qui l’avait trouvé si fidèle en
d’autres temps ne pouvait le demander qu’à lui-même. La nouvelle
HORACE VERNET
III.
’avènement de Louis-Philippe put être
regardé par Horace Vernet comme son
propre avènement. Non-seulement c’é-
tait son ancien Mécène qui montait sur
le trône, mais plus encore, c’étaient,
avec lui, les idées libérales représentées
par ces trois couleurs que l’artiste avait
portées jadis et qu’il aimait tant à pein-
dre. Écoutons-le lui-même pousser le cri de délivrance. Dans une lettre
écrite le 27 septembre 1830 à la comtesse de Montjoie, après lui avoir
recommandé un jeune homme, ex-employé de la duchesse de Berry,
il ajoute : « Permettez-moi, madame, de vous parler de ma joie en re-
plaçant sur ma tête la cocarde tricolore. Elle n’a fait, à bien dire, que
changer de place. Je la gardais toujours au fond de mon cœur. Pourtant
les jours de fête, tels que la Saint-Jemmapes et la Saint-Montreuil, j’en
laissais bien passer un bout. Mais aujourd’hui elle prend l’air à son aise.
Qu’elle est belle et brillante ! Que son auréole est pure ! Lorsque je regarde
ma palette, je n’y trouve plus de couleurs assez vives pour la peindre. »
Peindre le triomphe de la cocarde tricolore, tel fut dès ce moment le
rêve d’Horace Yernet. Il lui semblait tout simple qu’un tableau, digne
complément des quatre batailles, consacrât la grande victoire des jour-
nées de Juillet, et ce tableau, le prince qui l’avait trouvé si fidèle en
d’autres temps ne pouvait le demander qu’à lui-même. La nouvelle