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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 15.1863

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Nr. 2
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Beulé, Charles-Ernest: Histoire de la sculpture avant Phidias, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17334#0172

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162

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’art, sont relégués dans l’oubli. En vain les critiques s’efforcent de dé-
mêler leur mérite à travers des formes plus naïves qu’attrayantes, et de
leur rendre leur place dans l’histoire et dans la faveur publique, le public
demeure indifférent comme on est indifférent pour les débris d’un nau-
frage. Cette injustice est encore plus sensible pour les sculpteurs du moyen
âge, ignorés presque tous. Qu’on se rejette sur leur piété, sur une hu-
milité qui s’absorbait dans le sentiment religieux et ne prétendait à
aucune gloire, il n’en est pas moins vrai qu’ils restent enfouis dans une
nuit impénétrable.

Les Grecs cédèrent donc à la faiblesse commune et à la courte portée
de la mémoire humaine, en oubliant aussi beaucoup de leurs anciens
maîtres. Tel est le malheur des œuvres qui ne sont point marquées du
sceau de la perfection. Seulement, de même que pour nous les talents
plus vaillants surnagent et restent, sinon populaires, du moins connus,
de même, parmi les sculpteurs de l’époque archaïque, plusieurs étaient
chers aux Grecs dégénérés. Leurs statues furent d’autant plus goûtées
qu’elles devinrent plus anciennes. Les Romains les admirèrent encore
plus que les Grecs, peut-être parce que les bronzes étrusques les avaient
accoutumés à aimer l’archaïsme. J’ai déjà cité Bupalus de Chio, et
Théodore de Samos, dont Auguste et ses successeurs recherchèrent tant
les œuvres. Ils ne goûtaient pas moins les produits d’artistes plus habiles,
plus avancés, qui résumaient la science des maîtres de l’ancien temps,
et qui annonçaient l’aurore du grand siècle. Je veux parler de Canachus,
de Sicyone, et d’Agcladns, d’Argos.

Canachus était déjà célèbre et en pleine activité vers l’an 500 avant
J.-G. ; il vivait encore quand l’invasion des Perses jeta la Grèce dans une
crise suprême. Né à Sicyone, nourri des traditions récentes et singulière-.
ment agrandies de Dipoeneet de Scyllis, il était le contemporain de Gallon
l’Éginète et d’Agéladas l’Argien. Son chef-d’œuvre, qui fit l’admiration
des Grecs et qu’ils répétèrent à plaisir sur divers monuments, était la
statue d'Apollon, destinée au sanctuaire de Didyme, près de Milet.
L’Apollon didyméen fut emporté par Xerxès quand il revint de Grèce,
vaincu, mais d’autant plus courroucé. C’était, par conséquent, l’an lx79.
Xerxès voulait punir les Milésiens de leur trahison, car il les soupçonnait
de s'être laissé battre à dessein, près de Mycale, parla flotte athénienne.
Ses soupçons étaient fondés; les Ioniens de Milet ne pouvaient qu’être
entraînés par une vive sympathie vers Athènes, la capitale intellectuelle
des Ioniens. La situation des habitants de l’Asie Mineure dans les armées
persanes était singulière, puisqu’on les forçait de se battre contre leur
nation : chose facile, quand la rivalité le commandait, cruelle quand on
 
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