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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 15.1863

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Eugène Buttura: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.17334#0205

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EUGENE BUTTURA.

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grand goût dans le choix des attitudes et en même temps un respect pro-
fond pour le type du modèle qui posait devant lui.

Ainsi, chaque jour révélait chez Eugène Buttura une recherche nou-
velle, un progrès nouveau, et, désormais sûr de lui-même, il entrait libre-
ment dans la plénitude de son double talent de dessinateur et de peintre,
lorsqu’il mourut à Paris, le 23 mars 1852. C’est notre humble avis, qu’il
n’a pas été assez regretté, car lorsqu’un artiste disparaît ainsi en pleine
jeunesse, il faut songer non-seulement à ce qu’il a produit, mais aussi à
ce qu’il pouvait produire encore. Un poète, M. Auguste Barbier, consa-
cra à Buttura une courte et touchante notice [VIllustration, 10 avril
1852), et M. Henriquel Dupont grava, d’après un dessin de Paul Dela-
roche, le charmant portrait que la Gazette publie aujourd’hui et qui fait
revivre avec tant de vérité la physionomie du courageux artiste. « On
peut, écrivait M. Barbier dans l’article que nous venons de rappeler, on
peut dire, sans trop s’avancer, que dans notre école moderne de paysage,
si riche en talents de tout genre, il en est peu qui l’aient surpassé en con-
naissances anatomiques de l’arbre et en expression élégante et exacte de
ses divers caractères. » Tenons-nous-en à ce jugement, qui résume si
bien le talent de Buttura et qui montre en même temps ce qu’il cherchait,
ce qu’il rêvait. Paysagiste et dessinateur de portraits, il n’a dit évidem-
ment que la moitié de ce qu’il avait à dire. Pour les amis qui l’ont connu,
pour ceux qui, comme nous, n’ont pu étudier que son œuvre, il demeure
certain que, dès le jour oû Buttura comprit que le paysage n’est pas
tout entier dans les nobles fictions de l’invention héroïque, sa vie, désor-
mais trop courte, fut une constante aspiration vers la nature et la vérité.
Il a repris l’œuvre de Delaberge, et, comme lui, il l’a laissé inachevée.
11 manque souvent à ses paysages l’accent vif de la couleur, le jeu vibrant
des clairs et des ombres; mais, nous l’avons dit, la recherche de la forme
exacte fnt son éternelle inquiétude; et les qualités qui lui manquaient, il
les aurait peut-être conquises. Comment, d’ailleurs, formuler des appré-
ciations d’une rigueur absolue, en présence d’une vie attristée par les
tourments d’une constitution maladive et si fatalement brisée? On ne juge
pas l’inachevé, on le regrette, et la critique ne saurait parler qu’avec une
sympathie mélancolique de ces bons ouvriers qui ont jeté dans le sillon
la semence féconde, et qui, après avoir vu verdir le champ plein de pro-
messes, sont morts avant la moisson.

PAUL MANTZ.

xv.

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