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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 15.1863

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 25: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17334#0248

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23G

(i A Z ET TE DES BEAUX-ARTS.

est encore timide et pesant. Ces verticales qui monteront jusqu’au
sublime n’ont maintenant qu’une hauteur sage et mesurée. Ces points
d’appui qui deviendront minces, occupent encore un large espace et
tiennent plus à la terre qu’ils né s’élancent vers le ciel. Toutefois,'le style
roman est aussi religieux que le style ogival, mais cl’une autre manière.
Pratiqué par des moines, on sent qu’il a été conçu dans la paix, la médi-
tation et le silence du cloître. Il représente, non pas la religion popu-
laire, un peu nuageuse, que les femmes ont enveloppée dans la poésie de
leurs superstitions naïves, mais la religion monastique et sacerdotale, la
religion réglée, dogmatique et traditionnelle. Ses piliers massifs lui impri-
ment un caractère de prudence et de longue durée. La rareté et l’étroi-
tesse de ses ouvertures lui donnent du sombre. Sa courbe favorite,
ou plutôt sa courbe unique, le plein cintre, lui prête une signification
invariable comme le dogme, car, de même qu'il n’y a qu’une seule ligne
droite, il n’y a qu’un seul arc plein cintre. Plus rapproché des origines
chrétiennes, l’art roman conserve le souvenir des pénibles commence-
ments , des anciennes douleurs. On retrouve dans la représentation
farouche et obscure de ses animaux symboliques l’empreinte des vagues
frayeurs du moyen âge, et dans ses cryptes la réminiscence des cata-
combes oïi les premiers confesseurs cachaient leur culte et ensevelissaient
les os des martyrs. C’est, là surtout, dans ces cryptes basses, profondes,
([ue l’art roman a son expression la plus frappante; mais, à la clarté du
jour comme à la lueur des lampes souterraines, il est calme, grave et
robuste. Loin d’exalter Pâme, il pèse sur l’esprit de tout le poids de ses
voûtes, et il assoupit la pensée. 11 tranquillise, il impose, il invite au
silence, et, par son archaïsme, par l’énergie de ses supports épais et
courts, il est, pour ainsi dire, l’ordre dorique du christianisme.

C H A K LE S lï L A N C.
 
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