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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 4
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Jardins, 26: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0371

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

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et la diversité de ces scènes. Ils en distinguent trois espèces, auxquelles
ils donnent les noms de riantes, d’horribles et d’enchantées. Cette dernière
dénomination répond à ce qu’on nomme scène de roman, et nos Chinois
se servent de divers artifices pour y exciter la surprise. Quelquefois ils
font passer sous terre une rivière rapide ou un torrent, qui, par son bruit
tumultueux, frappe l’oreille sans qu’on puisse comprendre d’où il vient.
D’autrefois ils disposent les rocs, les bâtiments et les autres objets qui
entrent dans la composition, de manière que le vent, passant au travers
des interstices et des concavités qui y sont pratiquées à cet effet, forme
des sons étranges. Ils mettent dans ces compositions les espèces les plus
extraordinaires d’arbres, de plantes et de fleurs; ils y forment des échos
artificiels et compliqués, et ils y tiennent différentes sortes d’oiseaux et
d’animaux monstrueux.

<( Les scènes d’horreur présentent des rocs suspendus, des cavernes
obscures et d’impétueuses cataractes qui se précipitent de tous côtés du
haut des montagnes ; les arbres sont difformes et semblent brisés par la
violence des tempêtes. Ici on en voit de renversés qui interceptent le
cours des torrents et paraissent avoir été emportés par la fureur des eaux.
Là on dirait que, frappés de la foudre, ils ont été brûlés et fendus en
pièces. Quelques-uns des édifices sont en ruine, d’autres consumés à
demi par le feu. De chétives cabanes dispersées çà et là sur les mon-
tagnes semblent indiquer l’existence et la misère des habitants. À ces
scènes, il en succède communément de riantes. Les artistes chinois
savent avec quelle force l’âme est affectée par les contrastes, et ils ne
manquent jamais de ménager des transitions subites, de frappantes op-
positions de formes, de couleurs et d’ombres. Aussi, des vues bornées,
vous font-ils passer à des perspectives étendues; des objets d’horreur, à
des scènes agréables ; des lacs et des rivières, aux plaines, aux coteaux
et aux bois. Par un arrangement judicieux, ils distribuent les masses
d’ombre et de lumière de telle sorte que la composition paraît distincte
dans ses parties et frappante en son tout.

« Comme le climat delà Chine est excessivement chaud, les habitants
emploient beaucoup d’eau à leurs jardins. Souvent, quand la situation le
permet, tout le terrain est mis sous l’eau, et il n’y reste qu’un petit
nombre d’îles et de rocs. Dans les jardins spacieux, on fait entrer des
lacs étendus, des rivières, des canaux. On imite la nature en diversifiant
à son exemple les bords des rivières et des lacs. Tantôt ces bords sont
arides et graveleux; tantôt ils sont couverts de bois, jusqu’au bord de
l’eau; plats en quelques endroits et ornés de fleurs, dans d’autres ils se
changent en rocs escarpés qui forment des cavernes où une partie de
 
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