Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (22.1867)

LE

MUSEE DU TEMPLE DE THESEE

A ATHÈNES

FRAGMENT d’üN JOURNAL DE VOYAGE.

Athènes, 31 mars.

Au beau temps qui régnait ces jours der-
niers a succédé la pluie,mais une de ces pluies
telles qu’on n'en voit qu’en Orient, lorsqu'elle
se décide à y tomber, telle que la décrit Dante :

Eterna, maledetta, fredda e grave.

Je suis pourtant monté à l'Acropole avec
M. de Verneuil, et nous nous sommes fait trem-
per jusqu’aux os en regardant le Parthénon.

Sous cette pluie battante, l’Acropole et toute
la campagne d’Athènes présentaient un aspect
d’une prodigieuse tristesse. Les nuages, d’un
gris d’ardoise uniforme, reposaient sur la cime
des montagnes; le ciel paraissait si bas que
l’on se sentait comme étouffé. Lavés par la
pluie, les rochers et les monuments semblaient
gris et n’avaient plus rien des teintes magni-
fiques dont les colore le soleil. Toute leur ma-
jesté était disparue. Le Parthénon lui-même
avait l’aspect d’une méchante masure. Les
beaux cavaliers de la frise semblaient grelot-
ter de froid sous ces intempéries auxquelles ils ne sont pas habitués.
La ville moderne, dont les petites maisons peintes de couleurs vives