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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 4
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Bulletin mensuel
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0423

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BULLETIN MENSUEL

FÉVRIER ET MARS 1867

=HH-

LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

a bibliothèque de l’École des Beaux-Arts est un de ces établissements
dont la dg,te récente surprend et confond. Depuis longtemps déjà, la plu-
part des écoles spéciales ont leur bibliothèque. L’École de médecine a la
sienne, l’École polytechnique a la sienne, où ne manquent pas les ouvrages
d’art et d’archéologie. A l’École normale, à l’École centrale, à Saint-Cyr, partout où
l’on a réuni des jeunes gens pour les instruire, il a paru juste et nécessaire de créer
auprès d’eux un dépôt de livres qui mette à leur portée les connaissances acquises
des époques antérieures. Bien plus, ces connaissances, on s’est occupé de les offrir à
l’ouvrier, au manœuvre, au campagnard, au soldat, parla création, déjà ancienne, des
bibliothèques populaires. La bibliothèque de l’École des Beaux-Arts ne compte que
trois ans d’existence. Avant 1864, les jeunes artistes de l’École, plus déshérités que les
ouvriers et les militaires, étaient censés devoir se passer de lecture. Leur fournir des
modèles paraissait suffisant. Mais des livres, à quoi bon ?

En effet, à première vue, et selon les théories trop faciles de certains contempo-
rains, il semble qu’un artiste, si jeune soit-il, n’a qu’à ouvrir les yeux et à regarder
la nature; qu’il la copie tant bien que mal, il fera œuvre d’art. Cependant j’en sais un
qui, après vingt ans de travail solitaire et personnel, m’avouait avoir découvert, d’hier
seulement, la grande loi des reflets. Et qui lui en avait révélé l’importance? La lecture
des Salons de Gustave Planche. Enregistrons en passant ce succès de la critique d’art.
Il est certain que le réaliste le plus endurci, le jour où il voudra cesser de reproduire
des études pour traiter un sujet, se verra forcé de lire un chapitre de la Bible, de la
Vie des Saints, de Plutarque, ou de l’histoire de France, ou bien de faire appel à des
souvenirs de lectures antérieures, d’images, de costumes jadis entrevus : à moins
qu’il ne s’en tienne à des souvenirs de vieux tableaux, ce qui le conslitue en délit de
plagiat. Dès que l’artiste s’attaque au passé, c’est-à-dire à l’histoire ou à l’anecdote, il
lui devient impossible de tout tirer de son propre fonds, et la nature seule est impuis-
sante à lui donner tout. La nécessité de la lecture apparaît inexorable, et la nécessité
des recherches marche de pair. Pour remonter dans la nuit mystérieuse du passé, il
faut à l’artiste deux choses : une échelle et un flambeau. L’échelle, ce sont les monu-
ments; le flambeau, c’est le livre : le livre, qui éclaire les monuments, et qui les
 
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