Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (22.1867)

LES BEAUX-ARTS

A L’EXPOSITION UNIVERSELLE

vril a été fertile en événements. Trois
expositions ouvertes, un dissentiment
grave entre le jury international des
beaux-arts et la commission impériale,
une peinture de Raphaël et des fresques
de Luini installées ou prêtes à l’être dans
les salles du Louvre; n’est-ce point là
plus qu’il n’en faut pour placer un cri-
tique dans la triste situation de l’âne
de Buridan? Mais, par bonheur, la foule
ne permet pas d’incertitude; bon gré,
mal gré, il faut la suivre au Champ de Mars transformé en un vaste
champ de foire. Heureux palais, ou plutôt heureux bazar, que le public
admire après avoir passé si longtemps à côté de gazomètres sans les
regarder! Heureuse halle dans laquelle l’homme ose pénétrer, malgré
les bronchites et les pleurésies qui en gardent la porte, pour voir les
richesses que l’univers y a accumulées ! La récompense, il est vrai, est
grande. Au spectacle merveilleux de pincettes et de savons, de brouettes
et de bassinoires coudoyant des œuvres d’art; au sifflement des ma-
chines qui trouble la tranquillité si désirable pour qui veut bien voir
une statue ou une peinture, l’homme sent battre son cœur d’un noble
orgueil. C’est lui, c’est bien lui qui est l’auteur de tant de merveilles
si disparates. Avant l’année bienheureuse de 1867, il ne l’avait point
soupçonné, et il l’aurait probablement toujours ignoré, si la commis-
sion impériale n’avait pris le soin de disposer toutes les productions
si diverses de l’intelligence humaine suivant un système de lignes

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