Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (22.1867)

M. Barye n’a pas besoin d’être con-
solé : son noble esprit, tout entier au
culte de l’art, aux joies tranquilles du
travail, habite des régions sereines où
ne saurait pénétrer aucun sentiment
d’amertume. 11 ne lui est jamais venu dans la pensée de se consi-
dérer comme un artiste incompris, d’accuser l’incompétence de ses
juges et de maudire son temps. Calme et inébranlable dans sa foi,
il fait de la Sculpture, à sa façon, noblement, sans souci des préoc-
cupations vulgaires, et si, à cette heure indécise où le jour qui
commence abaisser dans l’atelier silencieux l’oblige d’interrompre
son travail, il se laisse aller à la pente du souvenir et jette un coup
d’œil sur sa vie, c’est à peine s’il peut surprendre en lui-même
le regret de n’avoir pas — faute de l’occasion désirée— employé
toute sa force et exprimé tout son rêve. Mais ces sentiments
d’irritation et de révolte que n’a pas M. Barye, nous pouvons,

ARTISTES CONTEMPORAINS

M. BARYE