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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 5
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Gruyer, François-Anatole: Causeries sur l'art, par M. Beulé
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0535

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CAUSERIES SUR L’ART1

PAR M. BEULÉ

Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts.

u milieu de la vie tourmentée, si brillante et si pleine à la surface, si
aride et si vide au fond, qui nous entraîne, Dieu sait où, les hommes qui
n’ont point encore perdu tout souci d’avenir et de dignité saisissent au
vol avec empressement les idées qui s’offrent à eux dans les Revues, dans
les Cours; mais le temps leur manque presque toujours pour les méditer, pour se les
assimiler, pour s’en faire à leur tour les apôtres ou les adversaires, et bientôt .ces
rayons, de plus en plus rares d’ailleurs, disparaissent oubliés dans le tourbillon sou-
levé par l’agitation de la foule. C’est donc un devoir pour les écrivains, pour les pro-
fesseurs, de revenir après quelques années sur leurs travaux épars çà et là, de les
recueillir, de les résumer, et de les présenter au public sous une forme stable et défi-
nitive. C’est à un travail de ce genre que nous devons déjà les Études sur l'histoire de
l’art de M. Vitet et les Études sur les Beaux-Arts de M. Henri Delaborde. Ce sont
là de vrais livres. M. Beulé nous offre à son tour, sous le titre plus familier de Cause-
ries sur l’art, un recueil, excellent, vif par la forme, brûlant d’actualité, animé néan-
moins d’un véritable esprit scientifique.

Le livre de M. Beulé comprend, d’une part, quelques uns des meilleurs travaux qu’il
ait publiés depuis quelques années dans la Revue des Deux Mondes, et, d’autre part, le
résumé de quelques-unes de ces vives improvisations par lesquelles il a coutume d’inau-
gurer chaque année son cours d’archéologie à la Bibliothèque impériale. M. Beulé n’est
pas seulement un savant, c’est un lutteur. Il aime l’action, se plaît dans la mêlée, y
apporte l’ardeur que donnent la conviction, la passion, la science et l’amour de la vérité.
Je ne jurerais pas que le secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts n’ait pas
fait oublier quelque peu le membre de l’Académie des Inscriptions ; mais en définitive
l’un et l’autre ne font qu’un, et si la Revue des Deux Mondes est plus lue que le Jour-
nal des Savants, si l’architecture, la peinture et la sculpture sollicitent davantage l’at-
tention générale que les travaux de pure érudition, ce n’est pas la faute de M. Beulé.
Les Causeries sur l'art auront peut-être pour le moment plus de prise sur le public
que Y Acropole d’Athènes et que le Péloponèse ; plus tard chaque chose reprendra sa
place, et ces différents ouvrages se réuniront pour montrer ce qu’il peut y avoir de
patriotique et de généreux dans la science.

Je viens de relire avec infiniment de plaisir ce que M. Beulé a dit ou écrit en faveur
des traditions classiques, et je lui saisbeaucoupde grédasoutenir en toutes circonstances
la cause si délaissée du grand art. Aucun de ses auditeurs n’a oublié ses brillantes
causeries sur les peintres grecs, celles surtout qu’il a consacrées à Polygnote et à Apelles.

1. Paris, Didier, 35, quai des Augustins.
 
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