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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 1
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Saint-Santin: M. Heim
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0049

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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sacrilège de la Révolution avait mis à nu les murailles des églises de
Paris. L’Empire eut à cœur de leur rendre une partie des chefs-d’œuvre
qui les ornaient jadis, ou du moins de combler les vides faits sur les
principaux autels. Par décret du 15 février 1811, l'empereur partagea
entre les églises de Paris 19A tableaux, provenant les uns des anciennes
paroisses, les autres des ci-devant collections de nos rois, les autres des
glorieuses conquêtes de Flandre, d’Allemagne et d’Italie. 37 tableaux
de même espèce, mais moins précieux, furent plus tard concédés par le
musée du Louvre, sous la Restauration, au préfet de la Seine, pour les
églises de Paris. Nous chercherons ensemble un autre jour, si vous le
voulez, ce que sont devenues, dans la bagarre des églises décorées à nou-
veau, ces toiles qui portaient les noms les plus illustres, et dont quel-
ques-unes intéressaient très-vivement l’histoire de l’art dans les écoles
diverses, depuis Pérugin jusqu’à Gaudenzio Ferrari et Salvator, d’Albert
Durer à Rubens, de Quintin Varin à Lenain et Jouvenet.

Toutefois, les largesses du décret de 1811 ne suffisaient pas encore
à remplir tant de nefs et tant de chapelles, aussi riches en merveilles de
tout genre, avant 93, que pouvaient l’être les églises de Belgique ou de
Rome. 11 fallut donc offrir du nouveau, et les commandes de M. de Cha-
brol se firent sur grande échelle. Un employé des bureaux de la ville,
en ce temps-là, M. Grégoire, a publié tout un livre de ces commandes, et
pour qui s’est promené il y a vingt ans dans les églises de Paris il en reste
un souvenir encore considérable. Nous pensons avoir fait mieux ;peut-
être avons-nous raison; cependant il est juste de se rappeler que depuis
la Révolution opérée sous Louis XYI par l’avénement de David, il n’était
plus question en France de peintures décoratives, mais de grands tableaux
portatifs, et même la mode des vastes toiles suspendues et non adhérentes
à nos murailles humides remontait bien par delà David, car les cadres
immenses que d’Argenville nous montre aux piliers de Notre-Dame ou de
Saint-Germain-des-Prés, et qui servirent, sous Louis XVIII et Charles X,
de type par.leur dimension autant que par leur esprit de composition,
aux peintures pieuses des élèves de David et de Vincent, tous ces cadres
du xvne et du xvme siècle étaient naturellement mobiles.

Il se trouva en outre, par une étrange fortune, que l’école fran-
çaise en 1815 avait, grâce à l’absolutisme de David et aux nobles
principes de son enseignement et de son influence, une fort grande res-
semblance avec celle de la seconde moitié de notre xvue siècle, que
l’esprit non moins absolu de Lebrun, et aussi notre génie national,
avaient tenue soumise aux traditions du Poussin. C’était même sagesse
de composition, même gravité académique, mêmes données, mêmes ex-
 
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