DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Woltmann, Alfred: Correspondance de l'Allemagne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0101
CORRESPONDANCE DE L’ALLEMAGNE
Berlin, novembre 1866.
'exposition de l’Académie des beaux-arts à Berlin, comme les armées
précédentes, a été suivie avec intérêt; mais, avouons-le tout de suite,
elle n’était point à la hauteur des Expositions précédentes. Le nombre
des objets exposés,-—plus do 900, parmi lesquels près de 800 tableaux
et dessins, — n’était pas inférieur à celui du dernier Salon ; mais on y
trouvait moins de choses distinguées. Sansdoule, l'influence de la guerre s’est fait sen-
tir. Ce ne sont guère que les artistes de Berlin et de Düsseldorf qui ont envoyé leurs
ouvrages; très-peu de peintres de l’Allemagne du sud et de la Belgique, pas un peintre
français. Par contre, quelques artistes italiens ont cru devoir célébrer l’alliance de leur
pays avec la Prusse en prenant place à l’Exposition. Il ne nous reste pas moins le
regret d’avoir à constater, d’une part, l’abstention des artistes français, et, d’autre part,
une infériorité marquée dans les œuvres produites cette année, comparativement à
celles des dernières Expositions. Jamais la guerre n’a été favorable à la prospérité des
beaux-arts.
Deux des artistes italiens, un peintre et un sculpteur, ont eu beaucoup de succès
et ont reçu des prix. Le peintre est M. Louis Passini, de Rome, qui a exposé une aqua-
relle excellente et pleine de vie, « les Vêpres dans l’église de Saint-Paul à Rome. » Le
sculpteur est M. Antoine Tanlardini, professeur à l’Académie de Milan, qui a exposé
plusieurs travaux en marbre, parmi lesquels « la Baigneuse, » statue de grandeur na-
turelle, exécutée avec soin, peut-être même avec trop d’élégance.
Une autre Baigneuse mérite la palme parmi les sculptures : c’est celle de notre
jeune et renommé sculpteur, M. Reinhold Begas, chargé de faire le somptueux monu-
ment de Schiller, monument qui va être érigé dans notre ville. On reconnaît, dans sa
nouvelle production, la verve, le profond sentiment pour la nature et le style un peu
trop pittoresque qui caractérisent cet artiste distingué.
Parmi les tableaux exposés, deux ont surtout été remarqués : ce sont ceux de
M. André Achenbach et de M. Guillaume Sohn. Achenbach a fait de grands progrès
en étudiant autant les paysagistes de l’ancienne école hôllandaise que ceux de l’école
française moderne. La Vue d'Ostende, exécutée pour la Galerie nationale de Berlin,
est assurément le meilleur tableau de cet artiste. Guillaume Sohn, gendre et neveu de
Charles Sohn, un des peintres les plus estimés de l’école de Düsseldorf, a peint une
Consultation d’avocat. D’un côté, une vieille dame est assise près du jurisconsulte,
qui, en parcourant des papiers, semble lui faire des observations. Une belle jeune
Berlin, novembre 1866.
'exposition de l’Académie des beaux-arts à Berlin, comme les armées
précédentes, a été suivie avec intérêt; mais, avouons-le tout de suite,
elle n’était point à la hauteur des Expositions précédentes. Le nombre
des objets exposés,-—plus do 900, parmi lesquels près de 800 tableaux
et dessins, — n’était pas inférieur à celui du dernier Salon ; mais on y
trouvait moins de choses distinguées. Sansdoule, l'influence de la guerre s’est fait sen-
tir. Ce ne sont guère que les artistes de Berlin et de Düsseldorf qui ont envoyé leurs
ouvrages; très-peu de peintres de l’Allemagne du sud et de la Belgique, pas un peintre
français. Par contre, quelques artistes italiens ont cru devoir célébrer l’alliance de leur
pays avec la Prusse en prenant place à l’Exposition. Il ne nous reste pas moins le
regret d’avoir à constater, d’une part, l’abstention des artistes français, et, d’autre part,
une infériorité marquée dans les œuvres produites cette année, comparativement à
celles des dernières Expositions. Jamais la guerre n’a été favorable à la prospérité des
beaux-arts.
Deux des artistes italiens, un peintre et un sculpteur, ont eu beaucoup de succès
et ont reçu des prix. Le peintre est M. Louis Passini, de Rome, qui a exposé une aqua-
relle excellente et pleine de vie, « les Vêpres dans l’église de Saint-Paul à Rome. » Le
sculpteur est M. Antoine Tanlardini, professeur à l’Académie de Milan, qui a exposé
plusieurs travaux en marbre, parmi lesquels « la Baigneuse, » statue de grandeur na-
turelle, exécutée avec soin, peut-être même avec trop d’élégance.
Une autre Baigneuse mérite la palme parmi les sculptures : c’est celle de notre
jeune et renommé sculpteur, M. Reinhold Begas, chargé de faire le somptueux monu-
ment de Schiller, monument qui va être érigé dans notre ville. On reconnaît, dans sa
nouvelle production, la verve, le profond sentiment pour la nature et le style un peu
trop pittoresque qui caractérisent cet artiste distingué.
Parmi les tableaux exposés, deux ont surtout été remarqués : ce sont ceux de
M. André Achenbach et de M. Guillaume Sohn. Achenbach a fait de grands progrès
en étudiant autant les paysagistes de l’ancienne école hôllandaise que ceux de l’école
française moderne. La Vue d'Ostende, exécutée pour la Galerie nationale de Berlin,
est assurément le meilleur tableau de cet artiste. Guillaume Sohn, gendre et neveu de
Charles Sohn, un des peintres les plus estimés de l’école de Düsseldorf, a peint une
Consultation d’avocat. D’un côté, une vieille dame est assise près du jurisconsulte,
qui, en parcourant des papiers, semble lui faire des observations. Une belle jeune