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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 2
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Goncourt, Jules de; Goncourt, Edmond de: La Tour, [1]
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128

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

gieux du sens et du lacis des muscles expressifs, des élévateurs du nez
et de la lèvre, du risorius qui fait le sourire et l’ironie de la bouche...
Qu’est-ce donc, cette tête dans ce mauvais cadre? Un premier jet, une
ébauche, l’empoignement au premier coup d’une ressemblance, ce qu’on
appelle en langue d’art une préparation de La Tour, — un de ces chefs-
d’œuvre qui arrachaient à Gérard ce cri d’humilité : « On nous pilerait
tous dans un mortier, Gros, Girodet, Guérin et moi, tous les G, qu’on
ne tirerait pas de nous un morceau comme celui-ci! 1 »

II

La Tour naquit à Saint-Quentin en 170A 2. Son père était un musicien
attaché au chapitre royal de la Collégiale. Il eut l’enfance ordinaire et
légendaire de presque tous les peintres: au collège, sous le principalat
de Nicolas Desjardins, il couvrait ses cahiers, grecs et latins, avec l’image
de tout ce qu’il voyait, des croquis de la classe, de ses camarades, du
magister et de sa férule 3. Cette vocation toucha peu son père qui avait
l’idée d’en faire un ingénieur, malgré sa vue courte. Cependant, en dépit
des corrections, l’enfant persistait dans ses goûts, copiait à la plume
toutes les estampes qu’il trouvait, mangeait son petit argent d’écolier à
acheter des crayons et des modèles de dessin. Au milieu de cela, tombaient
à Saint-Quentin des académies dessinées par le peintre Vernansal et
apportées par un de ses élèves : le jeune La Tour les voyait, et, pris de
la passion d’en faire autant, il déclarait vouloir être peintre à son père,

1. La Tourj, par M. Charles Blanc. Histoire des peintres de toutes les écoles.
Paris, Renouarcl.

2. Nous donnons ici l’acte de naissance de La Tour, d’après M. Ch. Desmazes.
[Maurice-Quentin de La Tour. 1854.)

« Paroisse Saint-Jacques, année 1704.

« Le cinquième de septembre est né et a été baptisé par le soussigné, prêtre curé,
Maurice-Quentin, fils légitime de Me François de La Tour, chantre, et de Reine Zanar,
sa femme. Le parrain, Me Maurice Mégniol; la marraine, demoiselle Marie Méniolle,
épouse de noble homme Me Jean Boutillier l’aîné, ancien mayeur de cette ville, lesquels
ont signé.

« Signé: Maurice Méniolle, Marie Méniolle, de La Tour
et Maillet, curé. »

3. Les biographes parlent d’une vue de Saint-Quentin dessinée dans ce temps par
le jeune homme, et offert à Nicolas Desjardins. Le dessin, conservé au Musée de
Saint-Quentin sous le n° 84, et attribué à La Tcur père, ne serait-il pas cette \ue?
 
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