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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Beaumont, Édouard de: De l'art industriel de l'armurier et du fourbisseur en Europa depuis l'antiquité jusqu'au XVIIe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0176

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ARMURIERS ET FOURBISSEURS.

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fabriquait, soit de cuir bouilli à ciselures dorées \ ou décorés d’emblèmes
et de sujets peints par les plus grands artistes du temps, soit en acier
forgé, enrichi de gravures ou d’arabesques ouvrées par les armuriers
ou les orfèvres les plus habiles 2 ; on en façonnait aussi avec de riches
étoffes et draps de velours recouverts d’appliques d’argent repoussé et
doré; parfois même ces appliques étaient d’or3.

Un passage traduit d’une nouvelle de Matteo Bandello peut donner
une idée du luxe inouï qui présidait à Milan, vers 1550, au parement
des chevaux montés par les muguets de ce temps-là.

« L’un d’eux, appelé Simpliciano par le vieux conteur, s’habillait
très-richement et changeait très-souvent de vêtement; trouvant toute la
journée de nouvelles modes de broderie, de points à jour et autres inven-
tions. Ses bonnets de velours portaient tantôt une médaille, tantôt une
autre. Je me tais sur le chapitre des chaînes, des bagues et des brace-
lets. Les montures qu’il chevauchait par la ville, qu’elles fussent ou
mule, ou genet, ou turc, ou haquenée, étaient plus propres que les
mouches. La bête qu’il devait monter ce jour-là, outre les riches harnais
parsemés cl’or battu, était toujours de pied en cap parfumée, de manière
que l’odeur des compositions de musc, d’ambre, de civette et d’autres
précieux parfums se faisait sentir par toute la rue4. »

Le caparaçon que nons avons cité comme spécimen de ce genre d’œuvre
italienne se rattache tout particulièrement, par la beauté de son travail
et le style de sa fabrication, à l’idée que l’on peut se faire du luxe de la
ville et de l’époque dont Bandello dépeint si minutieusement les mœurs.

Nous donnerons suite prochainement à cet examen sommaire, en par-
lant de quelques autres des plus remarquables pièces d’armes que possèdent
maintenant les collections particulières. Nous donnerons aussi quelques
curieux détails sur le commerce moderne des armes anciennes, à Paris.

\. Un cheval armé de cuir bouilli, à la façon de Lombardie. (Olivier de la Marche.)
— Caparaçon en cuir de Sirie : inventaire de Charles YI.

2. Lazzaro Yasari peignit des harnachements de chevaux pour Nicolo Piccinino
et pour ses soldats et ses capitaines. Francisco Francia décora de peintures pour le duc
d’Urbin un caparaçon de cheval. Il représenta une forêt embrasée d’où s’échappaient
effarés des oiseaux et des animaux de toute espèce. (Vasari, Vie des peintres.)

3. Michel Agnolo, di Yiviano, exécuta pour Julien de Médicis tous les ornements
des harnais de parement qui servirent au carrousel de la place de Santa-Croce.
(Vasari le cite dans la Yie de Baccio Bandir.elli.) Les chevaux de main du cortège de
César Borgia, pour son entrée à Chinon ('18 décembre '1498), étaient ferrés d’or mas-
sif. (Tom. Tomasi, p. 314.)

4. Matteo Bandello. Nouvelle 47, 2P partie.

EDOUARD DE BEAUMOJNT.
 
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