GÉRICAULT.
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Weenix au Louvre. Dans l’école française : la Descente de croix d’après
Jouvenet; la Prédication de saint Paul à Ephèse, d’après Lesueur; le
Christ descendu de la croix, d’après Sébastien Bourdon; un Portrait
de femme, d’après Rigaud; la Justice poursuivant le Crime, d’après
Prud’hon. Dans l’école espagnole : les Enfants de Philippe II, d’après
Vélasquez; le Moine de Mola. Dans l’école anglaise enfin : un Lion atta-
quant un cheval blanc, d’après Ward. Je pourrais prolonger cette nomen-
clature, mais c’en est assez pour montrer avec quelle ardeur et quelle
indépendance d’esprit il demandait aux maîtres les plus divers les secrets
de son art, et par quelles études obstinées et approfondies il se prépa-
rait aux vastes travaux qu’il méditait déjà.
On trouve aussi dans les collections un grand nombre de ces études
d’après le modèle que Géricault avait faites pendant son séjour dans
l’atelier de Guérin. Comme ses copies d’après les maîtres, elles sont en
général d’une grande beauté, pleines d’énergie, de franchise, d’une
exécution savante, large, très-personnelle, de cette couleur riche et
puissante dont il eut le secret dès ses débuts. Ce ne sont que des
exercices d’écolier, si l’on veut, mais qui portent sa marque irrécusable.
Il serait inutile et fastidieux de les énumérer. Nous nous bornerons à
citer : l’étude d’homme nu, une jambe en avant, les deux mains croisées
sur la tête qu’il tourne du côté gauche, que possède M. de Triqueti ; le
buste de jeune homme vu de trois quarts, les cheveux ébouriffés, la
moustache naissante, le col nu et entouré d’un vêtement de fourrure, à
M. His de la Salle; l’académie d’homme couché, le bras étendu vers
la droite, à M. Binder ; trois ou quatre ouvrages du même genre chez
MM. Marcille. Il nous tarde d’arriver aux essais plus significatifs du
jeune maître, à ceux où l’imagination joue un rôle plus ou moins im-
portant.
Quoiqu’il n’ait jamais particulièrement réussi dans ce genre, de très-
bonne heure Géricault s’essaya au portrait. Pendant un de ses séjours
à Mortain, il fit le sien en quelques heures, dans de petites dimensions
et sur papier verni. Sa famille possède encore cette précieuse peinture.
Il est représenté âgé de dix-huit ou dix-neuf ans, encore complètement
imberbe. La physionomie est très-noble, avec toute la grâce de la pre-
mière jeunesse ; le regard est fier et plein de feu, une luxuriante che-
velure couronne cette belle et aimable tête ; l’ensemble a le naturel et
la distinction qui le caractérisaient à un si haut degré. Le portrait de
M. Félix Bonnesœur, qui se trouve également à Mortain, est à peu près
de la même époque.
Nous ne connaissons que deux compositions un peu importantes que
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Weenix au Louvre. Dans l’école française : la Descente de croix d’après
Jouvenet; la Prédication de saint Paul à Ephèse, d’après Lesueur; le
Christ descendu de la croix, d’après Sébastien Bourdon; un Portrait
de femme, d’après Rigaud; la Justice poursuivant le Crime, d’après
Prud’hon. Dans l’école espagnole : les Enfants de Philippe II, d’après
Vélasquez; le Moine de Mola. Dans l’école anglaise enfin : un Lion atta-
quant un cheval blanc, d’après Ward. Je pourrais prolonger cette nomen-
clature, mais c’en est assez pour montrer avec quelle ardeur et quelle
indépendance d’esprit il demandait aux maîtres les plus divers les secrets
de son art, et par quelles études obstinées et approfondies il se prépa-
rait aux vastes travaux qu’il méditait déjà.
On trouve aussi dans les collections un grand nombre de ces études
d’après le modèle que Géricault avait faites pendant son séjour dans
l’atelier de Guérin. Comme ses copies d’après les maîtres, elles sont en
général d’une grande beauté, pleines d’énergie, de franchise, d’une
exécution savante, large, très-personnelle, de cette couleur riche et
puissante dont il eut le secret dès ses débuts. Ce ne sont que des
exercices d’écolier, si l’on veut, mais qui portent sa marque irrécusable.
Il serait inutile et fastidieux de les énumérer. Nous nous bornerons à
citer : l’étude d’homme nu, une jambe en avant, les deux mains croisées
sur la tête qu’il tourne du côté gauche, que possède M. de Triqueti ; le
buste de jeune homme vu de trois quarts, les cheveux ébouriffés, la
moustache naissante, le col nu et entouré d’un vêtement de fourrure, à
M. His de la Salle; l’académie d’homme couché, le bras étendu vers
la droite, à M. Binder ; trois ou quatre ouvrages du même genre chez
MM. Marcille. Il nous tarde d’arriver aux essais plus significatifs du
jeune maître, à ceux où l’imagination joue un rôle plus ou moins im-
portant.
Quoiqu’il n’ait jamais particulièrement réussi dans ce genre, de très-
bonne heure Géricault s’essaya au portrait. Pendant un de ses séjours
à Mortain, il fit le sien en quelques heures, dans de petites dimensions
et sur papier verni. Sa famille possède encore cette précieuse peinture.
Il est représenté âgé de dix-huit ou dix-neuf ans, encore complètement
imberbe. La physionomie est très-noble, avec toute la grâce de la pre-
mière jeunesse ; le regard est fier et plein de feu, une luxuriante che-
velure couronne cette belle et aimable tête ; l’ensemble a le naturel et
la distinction qui le caractérisaient à un si haut degré. Le portrait de
M. Félix Bonnesœur, qui se trouve également à Mortain, est à peu près
de la même époque.
Nous ne connaissons que deux compositions un peu importantes que