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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 3
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Aubert, Francis: Joseph-Marie Vien, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0298

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JOSEPH-MARIE VIEN.

283

Vien avait fait à Paris pour Drouais le miniaturiste, membre de l’Aca-
démie, une Suzanne avec les Vieillards. Ce travail ne lui avait été payé
que AS livres; mais peu de temps avant son départ pour Rome, Drouais
avait paru fâché de l’avoir si mal rétribué, et lui avait dit que s’il voulait
lui faire un pendant il lui en donnerait ce qu’il voudrait. Vien peignit
donc pour lui Loth et ses fillesG II le montra à de Troy qui voulu!
l’acheter; mais Vien, toujours fidèle à sa parole, insista pour l’envoyer
à Drouais. « Soit, lui dit de Troy, mais je le connais : vous en aurez
du désagrément. » En effet, au bout de quatre mois seulement, Drouais
écrivit que, quoique ce tableau fût bien au-dessous de son pendant, il
envoyait néanmoins une lettre de change de AS livres. Vien la renvoya
par le courrier, et de Troy, indigné, fit écrire à Drouais, par son secré-
taire, qu’il eût à remettre ce tableau à Mlle Loire, son élève, pour le faire
passer à Rome par le premier pensionnaire qui partirait. Ce tableau
voyageur fut vendu un prix raisonnable à M. Gras, négociant de Lyon
qui avait accompagné à Rome M. de Vandières. Nous retrouverons ces
deux personnes.

Quant aux tableaux de Tarascon, Vien raconte en ces termes la ma-
nière dont il lui en fut parlé pour la première fois.

« J’étais humblement à genoux auprès du père Chérubin de Noves,
définiteur général de l’ordre des Capucins en France, et je lui rendais
compte de quelques bagatelles qui ne devaient pas être graves, car il
n’avait pas l’air d’y faire grande attention. Lorsque mon affaire fut ter-
minée, il en commença une avec moi d’une autre espèce : Il y a, me
dit-il, six tableaux à faire de l’histoire de sainte Marthe pour notre
église de Tarascon. Mais nos bienfaiteurs ont si peu d’argent à donner,
que je n’ose vous le dire. — Mais encore, mon père, combien? •— Cent
francs pour chacun. — Et de quelle grandeur? — Dix pieds de haut sur
huit de large. —Vos bienfaiteurs ne se ruineront pas ! Mais, mon père,
la chose vous intéresse, je les ferai 1 2. »

Il songeait moins à vivre qu’à peindre. Il s’agissait pour lui de savoir
à quel degré de force il était parvenu après deux ans et demi de séjour
et d’étude à Rome, et cette question l’intéressait plus que l’argent.

1. Ce tableau de Loth et ses filles, daté de 1747, est actuellement la propriété de
M. Élin, du Havre.

2. Voici les titres de ces tableaux : La Résurrection de Lazare (1747); Sainte
Marthe reçoit Jésus à Béthanie (1747); Sainte Marthe prêchant l’Évangile à Taras-
con (17Zi7); le Débarquement d,e sainte Marthe à Marseille (17Z|8); Mort de sainte
Marthe (1748); Ensevelissement de sainte Marthe (1749).— Un septième, commandé
plus tard, fut peint en 1751 et figura au Salon de 1753.
 
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