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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 4
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Goncourt, Edmond de; Goncourt, Jules de: La Tour, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0390

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LÀ TOUR.

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et de la créature. Dans la campagne, par un beau jour vivant de prin-
temps, il tombait à genoux, remerciait Dieu du soleil, parlait aux arbres,
et les mesurant de ses bras, en pensant à l’hiver, leur disait : —
« Bientôt tu seras bon à chauffer les pauvres. »

Il mourait le 17 février 1788 Q en mettant, avec les derniers mouve-
ments de son agonie, des baisers sur les mains de ses domestiques.

XIV.

« Un magicien} » c’est le baptême donné par Diderot au pastelliste.
La Tour gardera ce nom. Son œuvre est un miroir magique où, comme
dans le seau de résurrection du comte de Saint-Germain, les morts
reviennent et revivent. Il fait revoir les hommes et les femmes de son
temps. De sa galerie de contemporains se dégage pour nous la physio-
nomie de l’Histoire. Il nous fait entrer dans ce merveilleux « salon des
ressemblances » qu’évoquent, d’une cour, d’une société, les grands
portraitistes de vérité et de sentiment, comme Holbein et Van Dick. Ici
ce sont les princes, les seigneurs, les grandes dames, P éblouissement
de Versailles; là, ce sont les têtes de la Philosophie, de la Science, de
l’Art, les fronts où le peintre a vu du génie, et que ses crayons, si froids
au portrait des « imbéciles », ont peints avec amour, avec enthousiasme.
Voilà ce que La Tour a fait et ce qu’il a laissé. De la poussière du pastel,
de cette peinture tombée, pour ainsi dire, de la poudre de l’époque, il a
tiré comme la fragile et délicate immortalité, la miraculeuse illusion de
survie que méritait l’humanité de son temps. Dans son œuvre, il y a le
grand et charmant portrait de la France, fdle de la Régence et mère de
Quatre-vingt-neuf. Le Musée de La Tour, c’est le Panthéon du siècle de
Louis XV, de son esprit, de sa grâce, de sa pensée, de tous ses talents,
de toutes ses gloires.

-I. Nous donnons, d’après M. Desmare, l’acte de décès de La Tour.

« Paroisse Saint-André, année 1788.

« Cejourd’bui lundi, 18 du mois de février 1788, le corps de M. Quentin de La
Tour, peintre du roi, conseiller de l’Académie de peinture et de sculpture de Paris,
et honoraire de l’Académie d’Amiens, transporté à l’église de Saint-Remy, sa paroisse,
en cette église, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse, en présence de M. Jean-
François de La Tour, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, son frère,
et de M. Adrien-Joseph-Constant Duliége, chapelain de l’église de Saint-Quentin et
vicaire de la paroisse de Notre-Dame, soussigné.

« Fait double, les jour et an que dessus.

« Signé : Dis La Tour, Duliége et La bitte, curé. »

EOAIOND ET JULES DE CONCOURT.
 
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